mardi 11 avril 2017

En attente à Spanish Wells

11 Avril

Notre arrivée à Spanish Wells s’est bien passée. Nous avions évidement une petite crainte de refaire le passage étroit et peu profond où nous avions échoué le fameux 3 novembre. Nous avions fait nos devoirs (marées et courants) et nous avions plus d’expérience à « lire » les profondeurs juste en observant la couleur de l’eau et non de se fier uniquement au GPS. Ils avaient aussi mis enfin des bouées, ce qui n’était pas le cas lors de notre premier passage. Le GPS nous indique clairement de passer hors des bouées, par conséquent dans le 3-4 pi de profond! Avis aux navigateurs, ne pas se fier au GPS pour les profondeurs lorsqu’on doit passer dans un passage étroit! Il peut y avoir un décalage de 10-20 pi à côté de la track…

Au niveau des sentiments, revenir à Spanish Wells me faisait du bien. Je n’étais pas émotive à propos du deuil mais plutôt heureuse de retrouver un endroit connu. Je me sentais chez moi. A l’épicerie, j’ai croisé des gens que je connaissais et ils m’ont souhaité un bon retour sur l’ile. Au chantier maritime, des visages familiers. J’ai parlé à Theo, l’américain qui nous avait reçu chez lui et qui avait gentiment invité Stéphane à pêcher sur son bateau moteur. Tout le monde qui nous veut du bien et qui souhaite que tout se passe bien pour nous.

On a sorti le safran de l’eau, pour se rendre compte qu’heureusement, rien n’était brisé. Les bushings et le shaft étaient intacts, le conduit du bateau recevant la pièce aussi. Il nous fallait trouver la cause de l’écart d’un pouce entre les bushings et le conduit. Il y avait un jeu, ce qui faisait bouger le safran de gauche à droite d’1/2 pouce. On ne pouvait pas envisager rester comme ça très longtemps.  Après 2 jours de discussions avec le boat yard, le fabricant du safran, et nos assurances, on a enfin trouvé ce qui n’allait pas. Grâce au dévouement et au professionnalisme de Louis Gosselin d’Expertise Maritime engagé par April Marine à Montréal (nos assurances), il s’est rendu compte qu’il nous manquait un morceau! On devait avoir une sleeve en bronze qui se colle par-dessus la bushing inférieure, et qui comble le vide du ½ pouce. Cette pièce avait dû simplement tomber à l’eau lorsque le safran avait cassé et s’était détaché du bateau. Personne s’était rendu compte qu’il manquait cette pièce. Nous avons été plonger à l’endroit même où la pièce aurait pu tomber au fond de l’eau pour la retrouver, sans succès. Il y a du courant, beaucoup de vas et vient des bateaux qui font des remous, et l’eau n’est pas très clair dans le canal, alors c’était peine perdue.

Sachant donc qu’il nous fallait simplement cette pièce, la coller à l’endroit désignée, et remettre le safran en place, nous étions soulagés. Ce n’était maintenant seulement une question de temps d’attente. Mais nous pouvions remettre le safran tel quel et reprendre la navigation dans la région d’Éleuthera en attendant. Après 3 nuits au quai du chantier maritime, on avait surtout hâte de partir de là. Pas de vent au quai, du va et vient sans arrêt des bateaux qui passent juste à côté, des voiturettes de golf qui passent sur la rue juste devant notre étrave. Et d’aller reprendre la maison que nous avions habité pendant 2 mois n’était pas une option.

Nos amis Jean-Denis et Louise de Néméa ont eu la gentillesse de passer par Spanish Wells avant leur retour vers le Nord. Ils retournent à Québec, achevant leur année sabbatique. C’est avec un grand plaisir que nous avons partagé notre mahi-mahi avec eux et que nous avons passé une dernière soirée très agréable. Merci chers amis pour votre support, vos encouragements, et votre amitié!

Plans à court terme :

Nous avons donc décidé de découvrir la région d’Éleuthera. Notre premier arrêt fût très fructueux! A Current Island, nous avons pris pas moins de 11 langoustes! Le congélateur se rempli, avec les réserves de poissons que nous avons encore! Le lendemain, Stéphane m’a amené plonger à Basil Rock. C’est un rocher, en plein milieu du bank intérieur d’Éleuthera. Le fond de l’eau était riche en coraux, avec beaucoup de grands éventails mauves, et de nombreux poissons. Des poissons connus et des nouveaux qu’on n’avait jamais vus. Il était hors de question de chasser avec les harpons par contre, les nombreux barracudas qui nagent autour nous ont dissuadé…

Un autre front froid s’installe (ils sont particulièrement nombreux cette année) et nous aurons des vents forts du NE pour les prochains 4-5 jours. Nous avons ancré à Hatchet Bay pour 2 soirs. Petite baie bien protégée mais où l’eau pas particulièrement belle pour nager, et le village est désert. Aujourd’hui, on a repris la mer et filé (rapidement!) jusqu’à Governors Harbourg, plus au sud. Avec un vent de 20-22 kts, nous étions au prêt serré, 2 ris de pris sur la GV et 1 sur le génois, avec des vagues qui ont bien salé tout le bateau… Cette ville est l’ancienne capitale des Bahamas et semble plus peuplée, et surtout mieux organisée. On a hâte d’aller la découvrir.

Plans à moyen et long terme :

Après avoir laissé les filles à Georges Town, nous avions l’intention de faire la route Passages South (Thornless Path) qui nous menait vers le sud, jusqu’aux BVI. De là, notre intention était de faire une traversée BVI-Bermudes en juin et ensuite, faire la traversée Bermudes-Acores en juillet. Nous souhaitons toujours passer l’été aux Acores, et à l’automne descendre aux Iles Canaries, aller à Madère, Cap Vert, et retraverser l’Atlantique vers les Antilles pour l’hiver prochain.  C’est le grand tour de l’Atlantique qu’on rêve de faire depuis qu’on connait notre professeur Benoit Villeneuve et qui nous a donner l’envie de relever ce défi.

Nos plans de navigation pour les prochains mois ont changé. Comme je le disais précédemment, on ne peut diriger le vent, il faut ajuster nos voiles… Le retour au Nord des Bahamas, et l’attente de la pièce du safran, fait que nous n’avons plus de temps pour aller vers le Sud.  Nous sommes donc résignés à remettre la destination des Caraïbes pour l’an prochain. Nous allons demeurer aux Bahamas encore quelques semaines, il y a tant à découvrir encore! Et beaucoup de plongées et de pêches à faire encore! Au début mai, on traverse vers la Floride et on longera la côte jusqu’aux Caroline. La partie que nous n’avions pas fait à l’automne, trop pressés de se rendre aux Bahamas en partant de la Caroline du Nord en route directe! En prévoit se rendre aux Bermudes pour la fin mai-début juin. Toutefois, il n’y a rien de couler dans le béton. Nous avons appris qu’en navigation, les plans peuvent changer à tout moment. Il faut demeurer flexible, et surtout très humble par rapport aux événements qui nous arrivent!

Après mûre réflexion, j’ai décidé que je ne faisais pas la longue traversée Bermudes-Acores avec mon capitaine. Je ne contrôle pas encore la médication pour mon mal de mer. Et plus de 14 jours en mer d’affilés, je ne me sens pas encore prête pour faire partie de cette ligne majeure. Stéphane va relever ce défi avec son grand chum Jean-Pierre. Un ancien collègue de travail, qui a beaucoup d’expérience en navigation, et qui sera certainement un meilleur co-équipier que moi. Les deux hommes ont beaucoup de respect un envers l’autre, et ils s’entendent très bien. Nous sommes encore indécis si on souhaite avoir un 3e membre d’équipage ou pas. Il y a des avantages et des inconvénients de partir à 3 plutôt qu’à 2 et on réfléchi là-dessus.  Je profiterai de ce temps pour aller visiter mes filles et ma famille à Montréal pendant ce temps (juillet). Je m’engage aussi à router les hommes à distance. Avec mes cours de météo, et toutes les sources d’informations à ma disposition sur la NOAA et autres sites, je peux guider mon capitaine en communiquant 2x par jour des informations sur la météo et la route à prendre. Notre radio HF sert à parler avec différents réseaux de navigateurs, à écouter des bulletins météo, et à communiquer par courriels. Mon engagement de leur router à distance en complément, me permettra de me sentir impliquée dans cette épopée, et de me sentir utile.

En vue de ce beau défi, nos efforts à partir de maintenant sont de se préparer concrètement pour cette première grande traversée. On reliera nos livres, on devra refaire nos devoirs, pratiquer différents scénarios. On doit partager et améliorer nos compétences respectives. On doit aussi préparer le bateau. Notre passage en Floride nous permettra d’acquérir quelques équipements supplémentaires, dont des nouveaux cordages, une nouvelle toilette, etc. On réfléchi toujours à la pertinence d’ajouter un tangon de génois, une voile tempête, et tout l’équipement d’ancres flottantes avant et arrière… Pour les navigateurs qui lisent ce blog, vos commentaires seraient appréciés!  


Alors comme vous le constatez, nous avons repris notre envol vers de nouveaux défis, ainsi que notre enthousiasme à naviguer et découvrir de nouveaux horizons. L’expérience rentre graduellement, sachant qu’on ne voit pas le jour où nous pourrons dire que nous sommes des navigateurs aguerris… Nous aimons beaucoup notre nouveau mode de vie, et c’est toujours l’harmonie à bord. Je garde contact avec mes proches à Montréal grâce aux technologies et ça me permet de ne pas m’ennuyer d’eux. Malgré les moments de grandes peines en pensant à mon fils, j’entrevois l’avenir positivement sur Ambition 1!

1 commentaire:

  1. Patience and flexibility...the mark of a true sailor!!! Glad to hear you are getting things organized for the big crossing, I think you have made a good choice in bringing along a very experienced friend. I have heard that some insurance companies require 3 on board for the Azores passage, might be a good idea to verifiy on your end. xoxo Catherine

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