mercredi 30 octobre 2019

Vanuatu



Vanuatu


31 octobre

Il nous restait quelques destinations que nous voulions voir avec le bateau avant d’aller en Nouvelle-Zélande. Avec la vente plus rapide que prévue, nos plans ont changé mais nous sommes flexibles. C’est donc en avion qu’on a visité deux îles des Vanuatu. La grande facilité! Ça nous aurait pris 4 jours pour naviguer de Fidji a Vanuatu. Ça nous a pris 2 1/2 heures!

Nous sommes atterris à Port Vila, sur l’île d’Efate. Nous sommes dans la capitale de la République de Vanuatu. Ce pays est autonome seulement depuis 1980. Auparavant, cet archipel était géré en condominium, par les français et les britanniques. Il y a à peine 40,000 personnes qui habitent dans cette ville, sur un total de 250,000 habitants dispersés sur une vingtaine d’îles. La capitale est composée de quelques rues principales avec des bâtiments commerciaux, quelques hôtels modestes et une jetée bordée de petits restaurants qui donnent sur le lagon. On prenait un café sur une terrasse, en regardant les voiliers au mouillage, et on avait un pincement au cœur. On se serait vu ancré à cet endroit avec Ambition... mais bon, ce n’est pas le temps d’être nostalgique!



Nous avons pris un petit studio dans un coin tranquille de la ville. On apprecie la vie d'hotel! Le quartier résidentiel où nous habitons est très joli. Les maisons sont plus modernes et entourées de jardins fleuris. Mais aussitôt qu’on sort de la capitale, on voit tout autour de l’île des villages très pauvres. Les gens vivent très simplement, dans des cabanes de tôles, ou des maisons en pailles sur terres battues. Le marché a Port Vila est très coloré, avec beaucoup d'ambiance!!








Le contraste par rapport aux autres pays visités dans le Pacifique est frappant. Nous sommes en Mélanésie, appelé Iles Noires. La population est très foncée, de descendance africaine. Les femmes portent des robes très colorées, artisanales fait à la main, et elles ont beaucoup d’enfants. Il y a 100 ans a peine, on pratiquait encore le cannibalisme dans les îles de Vanuatu! Elles ont été découvertes par le navigateur James Cook au 18e siècle et colonisées par le suite par des européens. Pendant la dernière guerre mondiale, les chinois et les américains avaient des bases militaires ici. Ils ont laissés quelques vestiges, et des ruines...

L’économie ici est très basique, mais tout le monde semble heureux et ne manquer de rien. Comme aux Fidji, les îles de Vanuatu sont très prisées par les Australiens et les Neo-Zélandais (et depuis peu par des européens) pour des vacances. C’est comme notre Cuba à nous. Accessible et à proximité. L’industrie du tourisme fait travailler pas mal de monde heureusement. Ceux qui n’y travaille pas, s’occupe de leur jardin et de leur terre. Les femmes partent chaque matin de leur lointain village avec leurs fruits et leurs légumes sur leur dos, et viennent vendre à la place du marché au village central. Les hommes traînent et ne semblent pas faire grand chose de leurs journées. Voici un des marché a Tanna. Les arbres géants, des banians, sont immenses et magnifiques.








Nous avons été impressionné par les habitants qui sont tous multilingues. Les langues officielles ici sont l’anglais, le français et le bichlamar. De plus, chaque village utilise son propre dialecte. Nous avons discuté avec des locaux. Tous parlent la langue du village de leur mère, celle du village de leur père, une nouvelle langue si le conjoint vient d’un autre village. La langue commune pour tout le monde est le bichlamar. Et les enfants ont le choix d’aller à l’école française ou à l’école anglaise. Ils parlent donc 4-5 langues et plus! Nous avons été surpris de pouvoir parler français avec plusieurs d’entre eux. Étant blancs, on ne passait pas inaperçus. Les gens étaient curieux et nous saluaient d’un beau grand sourire. Ils s’offraient volontiers pour nous assister ou donner des directions. Mais c'était difficile de se faire comprendre. Ils ne comprenaient pas beaucoup notre accent, ni en français, ni en anglais. Et leur façon de penser est tellement différente de la nôtre, que souvent il était difficile de se comprendre. Honnetement je réalise que même si nous sommes tous pareil, nous vivons dans des mondes différents...  Ici, un ancien professeur de français, qui a eu la chance de faire des stages a Ottawa, et qui était tellement content de discuter avec des québécois! Charmante rencontre.



Nous avons fait la rencontre de Georgy, un local qui travaille sur les bateaux de croisière. Il était voisin de notre chambre et nous a introduit à ses amis. On a finalement goûté au kava! Nous avons visité deux différents bars à kava. Ce fut toute une expérience de partager cette tradition avec les locaux. Ils boivent du kava tous les jours et certains en abusent certainement. Ils sont pas mal gelés! Même les femmes, mères de famille, grand-meres, grands-pères! C’est comme fumer un petit joint mais avec la bouche légèrement engourdie. Et ça goûte très mauvais!!!






Georgy nous a offert de nous accompagner pour un tour de l’île. Nous avions qu’à payer la minivan de son cousin, qui a servi de chauffeur. Comme on payait, alors il en a profité pour amener sa tante, son oncle et deux amis! Toute la ribambelle est monté à bord et on a passé la journée ensemble. On s’est arrêté à quelques endroits typiques, et pris le temps d’aller se baigner. Il avait préparé du riz, un ragoût de poisson au lait de coco, une salade et des fruits. On s’est arrêté pour un beau pique-nique. Ce fut une journée agréable et c’était une belle opportunité de discuter avec eux. Mais à voir tant de pauvreté partout sur l’île, nous avions un certain malaise... Nous sommes tellement riches pour eux!


Village traditionel.





Endroit de pique-nique.




Nous avons pris un petit vol domestique pour aller rejoindre l’île de Tanna. Nous voulions aller voir le volcan Yasur, réputé mondialement. Il est le volcan actif le plus accessible qui existe. Nous avons vécu une expérience inoubliable. Nous avons pu s’approcher de très prêt (presque trop!). Les normes de sécurité ici ne sont pas comme chez nous. À la tombée de la nuit, c’était un feu d’artifices sous nos yeux. On entendait très clairement les sons que les explosions faisaient. C’était très impressionnant! Ce fut une folie mais qu’on ne regrette pas.









Le retour de Tanna à Port Vila fut retardé, le vol a été annulé. Dans une autre vie, on aurait maugréé et pestiféré. Mais comme on a tout notre temps, et que ce n’est pas nous qui devons naviguer (!), on laisse les autres nous porter, on est super relaxe. De plus, on nous offre une chambre magnifique, dans un resort 5 étoiles, et un menu appétissant! C’est fou comme il faut être ouvert aux surprises en voyageant!




Cette nouvelle vie sans bateau comporte des avantages évidents. On se sent en vacances. Mon homme prend, pour la première fois depuis 3 ans, du temps pour lui. Il se surprend à aimer ne rien faire. Il s’est même payé un massage! Il est tellement relaxé, et il s’aperçoit que son corps était fatigué. Il doit récupérer de trois années à travailler fort. La vie à terre est tellement plus facile! Mais tout coûte cher aussi! Les hôtels et les restaurants, on ne pourra se permettre ce mode de vie pendant longtemps. Nous avons également un peu de difficulté à s’adapter. On n’est pas chez nous! En 8 jours, on a changé d’endroits 4 fois. Nous sommes un peu perdu avec nos baggages, et on peine à s’organiser. J’appellerai ça la période d’adaptation! Le temps consacré à chercher des chambres, à tenter de trouver des places de Couchsurfing ou aller dormir et de planifier nos déplacements est un peu pénible On en conclu tous les deux que la vie d’hôtel n’est pas pour nous et qu’on aime transporter notre maison avec nous. On se dirige demain vers la Nouvelle-Calédonie pour quelques jours seulement. Ensuite on a décidé de se rendre en Nouvelle-Zélande et de se procurer un campeur pour y vivre quelques mois. On pourra a nouveau transporter notre maison avec nous, cuisiner moi-même, et ne pas a avoir a chercher un logis a chaque déplacement.

Prochain arrêt: Nouméa!

Fin d'une étape

24 octobre 2019

Fin d’une étape

La décision de vendre le bateau a été prise lorsque nous avions plusieurs choses a réparer, différents soucis a gérer et après de longues navigations pas trop agréables. Une fois la plupart des problèmes réglés, et  que nous soyons bien reposés, on se disait qu'on aurait bien pu continuer encore un bout! Toutefois la saison des cyclones approchait, et on n'avait pas le choix de quitter cette zone. On ne souhaitait pas naviguer jusqu'en NZ ou Australie, ni entreposer le bateau pour 6 mois. Nous étions contraint d'expédier la vente et celle ci s'est faite beaucoup plus rapidement que nous nous attendions. Alors notre séjour aux Fidji fut raccourci mais on se dit qu'on a bénificié d'un excellent timing.

Les derniers jours sur Ambition ont été fortes en émotions. Nous avons vécu des HAUTS et des BAS:
  • De l'excitation d’une nouvelle vie qui s’annonce pour nous, au vertige de laisser notre maison et de sauter dans le vide
  • De la hâte de vivre sur terre parmi la civilisation, a la crainte de manquer cette vie isolée dans laquelle on vivait
  • Du soulagement de ne plus être responsable d’un bateau, à l’incertitude de comment on occupera nos journées
  • Du soulagement de ne plus naviguer stressés, au regret de ne plus être sur l’eau lorsque c’est beau et calme
  • De la liberté qu’on retrouvera à se déplacer sans contrainte et sans autant de difficultés, au défi de découvrir le monde avec le même budget
  • De la satisfaction de cette vente rapide, a la déception de confier notre bateau à un homme sans aucune expérience
  • et on pourrait continuer comme ça longtemps...

Notre acheteur est venu s’installer sur le bateau le 21 octobre et on lui avait promis de passer trois jours complets avec lui pour l’initier à la voile et à la vie à bord. Stéphane a fait preuve d’une très grande patience en lui expliquant chaque équipement, chaque racoin du bateau, chaque pièce de rechange. Il lui a montré comment faire la maintenance et l’entretien. Nous avons sorti en mer. Nous avons partagé nos connaissances, notre expérience, nos avertissements. Ian est vraiment néophyte et il part de loin... Nous sommes inquiet pour lui à savoir comment il se débrouillera seul et comment il fera son apprentissage. Stéphane a à peine quitter le bateau que déjà il s’inquiète si Ian veillera à tout, tel qu’il lui a montré.! Nous sommes déçus que notre bateau dans lequel nous avons investi tant d’amour et d’attention, passe dans les mains d’un navigateur qui ne saura pas en prendre soin comme on le faisait. Mais bon, on doit apprendre à lâcher prise! Ce n’est plus de notre ressort...On lui souhaite bonne chance et que rien de grave ne lui arrive...

Ça faisait des mois qu’on se préparait à quitter notre vie de navigateurs. On savourait chaque dernier moment à bord: de la dernière navigation tous les deux seuls, de la dernière nuit à bord, du dernier coucher de soleil assis dans le cockpit, de la dernière observation des étoiles assis sur le pont en amoureux, de la dernière baignade juste a nos pieds, etc. Nous avions mûrement réfléchi notre décision, ce n’était pas un coup de tête. Mais après les quelques jours passées avec notre acheteur, on avait juste hâte de déguerpir. Ça ne nous appartient plus. On veut être ailleurs. Malgré tout, on a pleuré en quittant Ambition. La boule au ventre, c’était difficile. Tellement de beaux souvenirs nous accompagneront pour toujours. Tellement de moments magiques que nous avons vécus. Tellement d'intensité! Tellement d’apprentissages, et de nouvelles compétences que nous avons acquises. Tellement de courage que ça nous a pris! On est très fiers du chemin parcourus! Plusieurs missions ont été accomplies. On ne quitte pas le bateau a cause d'une maladie, d'un bris majeur, ou d'une tragédie (nous avons eu notre lot au départ...). C'est un deuil a faire cette vie a bord d'Ambition, mais on sait que de nouvelles aventures s'annoncent, et que plusieurs autres projets de voyage se dessinent. On envisage l'avenir avec enthousiasme.

Je pourrais faire un bilan avec pleins de statistiques mais ce n’est pas mon but ici. Je voudrais seulement retenir que nous avons fait plus de 33,000km et que le tour de la terre au niveau de l'Équateur en fait 40,000km! Nous avons avancé sur notre petit bateau contre vents et marées, mais que nous n’avons jamais croisé de mauvais temps. Et que malgré tout le temps passé en navigation, ceci a représenté a peine 12% de tout notre temps depuis que nous sommes partis. Ce qui se traduit a avoir passé la majeure partie du temps en escale, à découvrir des îles, à découvrir des peuples différents, à découvrir des forêts tropicales, des montagnes et la vie sous-marine, à partager des moments agréables avec d’autres navigateurs qui nous comprenaient, et surtout à se découvrir nous mêmes. Nous avons développé plusieurs nouvelles compétences, nous avons découvert de grandes forces en chacun de nous, nous avons apprivoisé nos peurs, et avons reconnus nos limites.  Nous avons appris a être plus humble face a la nature et face a la vie en général. On en ressort grandi, plus fort, et encore plus amoureux. Ce n'est pas rien!

Plusieurs me demandent quels ont été nos endroits préférés au cours de ces trois années. Je dois répondre ça dépend. Cela depend de ce qu'on recherche, de ce qu'on aime faire, de notre état d'esprit au moment ou nous sommes dans ce pays, et de plusieurs autres facteurs. Aucun pays ne peut répondre a tous les critères mais chacun offre des trésors de découvertes. Voici nos coup de coeurs dans diverses catégories:

  • Pour l'acceuil chaleureux des gens: Cape-Vert, Colombie, Marquises
  • Pour le dépaysement et l'exotisme: Les San Blas, Polynésie française, Samoa
  • Pour les villages et les villes: les iles des Acores, Madère, Curacao 
  • Pour les eaux cristallines et les fabuleuses plongées: Bahamas, Los Roques, les Tuamotus, le sud des Fidji
  • Pour les montagnes ou fôrets tropicales: Madère, Iles Canaries, Martinique, Marquises, Moorea
  • Pour l'approvisionnement (bouffe et vin de qualité): les Iles Européennes, les Antilles françaises
  • Pour les eaux les plus facilement naviguables: les Caraibes

Mais on pourra dire que l'endroit qui a réuni le plus d'aspects positifs pour nous fut les Bahamas. Malgré le manque d'approvisionnement, l'absence de vie de village, l'absence de montagnes, les fronts et vents difficiles a gérer, c'est a cet endroit ou on a vu les plus belles eaux turquoises regorgeant de poissons et de langoustes, les plus beaux coraux et les plus belles plages. Le drame de la perte de mon fils ajouté au bris majeur du safran, nous ont forcé a vivre 3 mois a Spanish Wells, dans l'archipel d'Eleuthera aux Bahamas. Et après tout ce qu'on a vécu et vu par la suite, ça demeure je crois notre endroit précieux et très spécial. J'y ai amorcé mon deuil, et c'est la ou nous devions récupérer du traumatisme de l'échouage avant de reprendre le voyage. Mais c'est aussi l'ile qui fût la plus belle a date. Peut etre a cause des sentiments si intentes que nous vivions, peut être parce qu'on y a vécu suffisamment longtemps pour s'intégrer a une communauté, peut etre parce que Stéphane a pratiqué son kitesurf presqu'a chaque jour, peut être parce qu'on a découvert la chasse sous marine. Un mélange de tout ça sans doute.    

Ca nous prendra un peu de temps a s'adapter a un autre mode de vie. Nous aurons bien des petits deuils a faire. C'est la fin une étape importante, auquelle nous avons mis beaucoup d'efforts et de préparations auparavant. Mais c'est pour mieux repartir. Pour ouvrir la porte a de nouvelles découvertes, Surtout, continuer a sortir de notre zone de confort et apprendre encore et toujours. 

Soyez sans crainte, je poursuivrai les récits de nos prochains voyages. La vie est trop courte, on souhaite en profter le plus possible!

vendredi 18 octobre 2019

Les Iles Fidji

Fidji

26 Août 2019

Bula! Ceci veut dire bonjour en Fidjien!
Et Vinaca veut dire merci!


Les îles Fidji font rêver. Ca semble tellement exotique et lointain. Et nous y sommes! Pourtant il sera difficile d’en profiter pleinement. En principe, cet endroit idyllique devrait être notre dernière destination avec Ambition... J’y reviendrai plus tard.

Ce pays comporte deux grandes îles et plusieurs petites îles qui forment des archipels tout autour, sur un très vaste territoire. Ce qui impose de longues navigations entre ces îles. Elles sont formées comme les Îles de la Société en Polynésie française, c’est à dire des îles montagneuses entourées de récifs qui forment de grands lagons d’une couleur bleu turquoise. En provenance des Samoa, nous avons atterri le 25 août à Savusavu, ville principale de l’île de Vanua Levu. Je dirais plutôt un grand village, avec une seule rue principale, qui comporte plusieurs commerces, quelques épiceries, un marché qui offre un beau choix de fruits et légumes, et quelques restos vraiment pas chers. Après les nombreuses formalités d’entrée (douanes, immigrations, ministère de la santé, bureau de quarantaine, permis de navigation de plaisance, etc), nous avons pris un mooring à la marina de Cophra Shed et on s’est installé pour presqu’un mois.



Notre contact avec les locaux vivant dans les villes est cordial et poli, mais on ne voit pas trop de chaleur envers nous. Ils ne semblent pas aussi accueillants que les Polynésiens, et moins proches de leurs traditions que les Samoans. Ils s’habillent de façon plus moderne. Par contre., les enfants sont curieux et nous saluent discrètement. À Savusavu, on a constaté que la moitié des gens étaient d’origine Fidjienne, avec la peau très noire. Ils sont physiquement différents des descendants maoris comme en Polynésie. Et l’autre moitié sont plutôt indiens. Les britanniques, qui dirigeaient le pays autrefois, ont importés beaucoup d’esclaves de l’Inde et ceux ci occupent maintenant le pays. Ce peuple, surtout les femmes, portent les vêtements traditionnels indiens. Je trouve ça très beau. Nous avons assisté à une parade pour une fête religieuse indienne et on se serait cru en Inde! En parlant avec les gens, on a appris que les Fidjiens parlent leur dialecte à la maison, que les indiens parlent leur propre dialecte, et que la plupart des gens ont appris la langue de l’autre afin de mieux se côtoyer! Les québécois et le ROC auraient vraiment avantage à apprendre d’eux! À Savusavu, on nous a dit que les deux peuples cohabitent harmonieusement ensemble. Par contre, à Suva, la capitale, les indiens sont principalement les propriétaires des commerces et détiennent la richesse, ce qui rend les Fidjiens plutôt en aversion vis à vis de leurs concitoyens. Ce qui est impressionnant est que tout ce beau monde parle anglais, avec un gros accent mais dans un très bon anglais. Il est donc facile de communiquer.

On constate que les gens semblent plus pauvres ici qu’aux Samoa. Les maisons sont nettement plus petites, faites de tôles et de ciments. Le niveau de vie semble plus modeste. Il y a des étagères pleines de nouilles Ramen dans les épiceries et les locaux achètent principalement ces nouilles, ainsi que des bonbons... Il y a beaucoup d’enfants, donc une ou deux écoles à chaque village. On voit beaucoup moins d’obésité que dans le reste du Pacifique par contre. Il y a plusieurs restaurants indiens et asiatiques pas chers. Nous n’avons pas l’habitude de sortir au resto mais ici, on s’est gâté un peu.

Deux jours après notre arrivée à Savusavu, je quittais seule pour un séjour de deux semaines à la maison. Je suis allée visiter ma fille qui habite à Vancouver, et qui était libre juste avant sa rentrée scolaire (elle est prof de 6e année dans une école francophone). On a donc pu profiter pleinement l’une de l’autre, et faire les touristes. Je connaissais Vancouver la ville, mais la j’ai aussi découvert les belles banlieues de Coquitlam, Burnabay, Richmond, Steveston, North Vancouver. On a fait de longues randonnées, goûté aux spécialités locales, et surtout, on a beaucoup jasé. Ma belle et sage Marianne! Ça nous fait toujours du bien de se voir. Je me suis ensuite rendue à Montréal. Rétablir les ponts avec ma fille aînée était une priorité... Mais la raison première de mon séjour à Montréal était d’assister à la Course annuelle Julien-Robitaille. Cette 2e édition est organisée par les amis de Julien, pour célébrer sa mémoire et récolter des fonds pour la Fondation des maladies du cœur. Quel bel héritage il nous laisse! Je suis tellement touchée de voir l’impact que mon fils a eu sur ses proches! Et de constater qu’il est toujours aimé et qu’on ne l’a pas oublié! Ce fut une journée forte en émotion... Et encore une fois une semaine bien remplie a revoir ma famille et mes amis. Je suis repartie avec mon petit bagage rempli d’amours, d’amitiés, de réconforts et d’encouragements. Je suis rassasiée pour un bon moment. J’étais heureuse de revenir vers mon homme, et de poursuivre notre vie de nomades, malgré les 36h de déplacements en avion et d’attentes aux aéroports. Après des jours en navigation pour faire de courtes distances, les déplacements en avions me semblent très faciles et relaxants!

Pendant ce temps, mon capitaine n’a pas eu le temps de s’ennuyer! Le moteur du guideau avait besoin d’un reconditionnement par un machiniste, c’est fait. Il a changé des fils électriques dans le bateau, ce qui a demandé une patience d’ange. Il a passé énormément de temps à régler les problèmes du frigo: changer et tester différents thermostats, faire venir plus d’une fois un technicien pour changer le gaz du compresseur, faire les ajustements nécessaires. Il a assuré plusieurs tâches d’entretien, nettoyages dans des recoins où je ne vais pas souvent, en plus de frotter la coque. Il a rencontré de nouveaux amis navigateurs et échangé quelques services et entraides. Bref ses deux semaines seul ont passé vite pour lui.

Mon retour fut coordonné avec la mise en vente du bateau. Nous avions été mis en contact avec une femme qui vend des voiliers usagés aux Fidji (un broker professionnel). Après analyse de différentes options, nous avons décidé de vendre le bateau ici. Idéalement, il faut que ça se fasse avant la fin novembre, pour éviter de devoir assurer l’entreposage (et tous les coûts et le travail que ça implique) pendant la saison cyclonique. J’ai donc passé beaucoup de temps à écrire l’historique et le descriptif du bateau, à énumérer la liste des équipements et des nombreuses pièces de rechange qui seront comprises dans la vente, et ce, en anglais et en français. On a beaucoup nettoyé, fait du « home staging » et on a pris de nombreuses photos et des vidéos (moi parlant dans un anglais approximatif car j’utilisais des termes marins inconnus pour moi!) ventant les extraordinaires atouts d’Ambition... Tout ça nous a tenu occupés pendant plusieurs jours. L’annonce officielle de notre bateau à vendre a été mise sur de nombreux sites spécialisés le 23 septembre et est visible dans le monde entier. On vise le marché des navigateurs australiens ou néo-zélandais qui désirent avoir un voilier aux Fidji. Pour votre curiosité voici une partie de l’annonce (les acteurs dans la vidéo n'étant pas des  professionnels, soyez indulgent!)

https://www.youtube.com/watch?v=i_-jsR3ur30&t=28s

Une fois le lancement de l’annonce mis en ligne, c’est notre agent qui gère les demandes d’informations et les appels. Nous devons nous rendre disponible pour des visites et c’est nous qui aurons la charge d’accueillir les potentiels acheteurs à bord. On préfère faire visiter le bateau nous meme et c’est une formule gagnante puisqu’on économise substantiellement sur la commission.

Comme on n’envisage pas de visites dans les deux premières semaines, on a donc décider de profiter un peu de ce pays. Nous avons pris ce temps pour se rendre a Suva, capitale des Fidji sur l’île de Viti Levu, et ensuite dans l’atoll Astrolab, près de l’île de Kadavu, a 50 MN plus au sud. Suva est la capitale du pays. La ville est remplie de commerces et de magasins et le marché au centre ville est très grand. J’étais tellement enthousiaste de voir autant de fruits et légumes que j’ai fait des provisions pour 2 semaines! Mais où vais-je mettre tout ça sur le bateau? 






On a fait de longues navigations pour se rendre à Kadavu mais le déplacement en valait la peine. On a profité de très beaux mouillages reculés, ou nous étions seuls devant une nature généreuse. Les plongées ont été dans nos plus belles de tout le voyage! Les coraux sont extraordinaires, variés, éclatants de couleur, et une panoplie de petits poissons de récifs multicolores. On a vu nos premières langoustes du Pacifique mais elles étaient si petites qu’on a pas osé les prendre. Et aucun gros poisson à chasser malheureusement...



















Ambition est le minuscule petit voilier qu'on voit ici au mouillage!








Nous avons visité la petite île de Dravuni et son village de 200 habitants. On a rencontré Jolami, le représentant officiel du chef. Son titre est spokesman! C’est la tradition ici, pour toutes les petites îles. On doit passer par le spokesman avant de rencontrer le chef. On a eu le plaisir de discuter longuement avec lui. Un ancien militaire de l’armée Fidjienne qui a fait des missions de l’ONU et qui, rendu à la retraite, est revenu sur son île natale qu’il aime tant. Il nous a parlé de sa vie, de son île, de leurs coutumes. Une belle rencontre. Il nous a introduit au chef du village. Nous avions lu que pour chaque village sur les petites îles, il fallait offrir au chef du kava. Le kava vient des racines d’une plante indigène avec laquelle on fait des infusions. Il y a tout un cérémonial lors de la préparation de ce breuvage ancestral et un protocole lors du partage du précieux liquide. On appelle un sevusevu, cette cérémonie de boire dans une coupe faite de noix de coco et qui respecte la hiérarchie de la communauté et des invités. Nous avions acheté quelques paquets de kava en prevision de ces rencontres. Le spokeman a récité un texte en fidjiens, ensuite en anglais. Il nous nommait, mentionnait notre pays d’origine, nous accueillait. Notre offrande a été reçue par le chef. On a du claquer les mains trois fois. Et finalement, il nous a officiellement donner la permission de visiter son île ainsi que les quelques autres îles faisant parties de sa juridiction. Il nous a également permis de plonger à l’eau et profiter de la mer sur son territoire...

Cette pratique est un peu controversée ici. Le kava s’avère être une boisson relaxante, avec des propriétés légèrement euphorisantes. On ne sait pas trop si c’est une drogue naturelle ou pas. Il paraît que les gens en boivent à chaque jour. Il est exigé par chaque chef de village d’offrir du kava (a gros prix quand même!). Nous, les navigateurs qui font plusieurs escales, c’est comme une taxe déguisée... J’avais acheté des crayons de couleurs et des cahiers pour les enfants. Je préfère plutôt tot offrir des cadeaux qui ont une portée éducative. Mais je comprends que nous sommes chez eux, et qu’on doit respecter leur façon de vivre...






Les hommes, comme les femmes, doivent porter le paréo lors de la cérémonie du sevusevu...






Le retour à l’île Viti Levu fut rock&roll. On a filler rapidement avec des vents au portant de 25-30kts. Une escale à une petite île qui se nomme Robinson Cruisoe nous a permis de poursuivre notre rehaussement du bateau en vue de la vente. Cette île loge un petit resort avec à peine une trentaine de clients. Les employés de cet hôtel ont monté un spectacle traditionnel et se produise à raison de trois fois par semaine, en invitant des clients des autres hôtels situés sur la grande île. On a assisté à un souper-spectacle que nous avons bien apprécié. Les danses font penser à un mélange des danses polynésiennes (déhanchement typique) et des danses samoanes (avec les jeux de mains). Il y a eu aussi des danses avec le feu, vraiment impressionnant! Nous avons fait la rencontre d’un couple de navigateurs américains très gentils.







Pendant les navigations entre ces iles, nous avons vu un phénomène particulier en mer. Nous savions qu'un volcan sous-marin avait fait irruption au large des Iles Tonga. Les Tonga sont situées a plus de 700km au sud-est des Fidji. Les navigateurs avaient été informés de masse de pierres volcaniques qui flottaient a cause de ce volcan actif. Et bien quelques semaines plus tard, les vents de l'est ont transportés cette lave devenue de petites roches volcaniques jusqu'ici. On a traversé des trainées de ces petites roches qui flottent a la surface de l'eau. Elles ont même bloqué la pompe d'une de nos toilettes! Et elles se retrouvent échouées sur les plages des iles...


Voici un autre village que nous visité et ou nous avons offert du kava au chef. Les enfants étaient adorables et attachants!











3 Octobre 2019

On s’est installé à Port Denarau, sur la côte ouest de l’île, près d’une grande marina et des bureaux de notre agent. On s’approchait de l’aéroport pour des visiteurs potentiels. Aussitôt débarqué, il me fallait recharger mes données wifi car ça faisait quelques jours que nous n’avions pas de communication. Notre agent nous cherchait: une offre d’achat intéressante provenant d’un Australien, lui avait été soumise! Sans même avoir visiter le bateau, seulement avec les photos et les vidéos, il a fait une offre conditionnelle au résultat de inspection. Il avait longuement discuté avec elle. Afin de réserver le bateau, et de ne pas prendre l’avion pour rien, l’acheteur a fait un dépôt. On a accueilli le gars et avons passé 1 1/2 journée avec lui. Il était présent au moment de l’inspection et tout était parfait. Le rapport montre un bateau impeccable, avec aucune défectuosité! Bravo mon homme pour tous tes efforts!!! Contre toute attente, le gars s’est désisté! On croit qu’il a paniqué un peu. Sans expérience, il semblait être intimidé par la grandeur du voilier, et désemparé par l’ampleur des équipements à faire fonctionner et de l’entretien à assurer... Il a, malheureusement pour lui, perdu son dépôt! Le bateau est retourné sur le marché.

14 Octobre 2019

Déçus, nous avons donc décidé d’aller visiter quelques petites îles autour. Il y a pire comme endroits pour aller se consoler!. Nous avons tenté de profiter des eaux chaudes et turquoises des atolls à proximité de la ville, mais pas moyen!. On a reçu un appel. Un homme qui était en train de magasiner un bateau à Singapour, voulait venir voir Ambition. Il prenait un vol et arrivait 2 jours plus tard. Encore un futur navigateur seul (canadien cette fois), sans aucune expérience de bateau. Il a fait de la voile à l’adolescence mais depuis, rien. Il rêve de vivre simplement sur son voilier, et d’amener le bateau en Indonésie, en Asie, et ensuite aller rejoindre sa sœur au Brésil. Il a été camionneur toute sa vie et il souhaite modifier son mode de vie drastiquement. Branle-bas de combat a nouveau pour déssaller le bateau et le rendre immacculé. Il a passé la journée avec nous, fait une sortie en mer et le lendemain, il nous faisait une offre qu'on a accepté évidemment. Le bateau répondait a ses besoins en terme de confort et de vie a bord, et surtout il était tout équipé et tout a été réparé. Il est pret pour repartir et faire un tour du monde! Ambition est un clé en main, prêt a reprendre la mer, et pour longtemps!

Les jours d'attente et de négociation, avec le premier acheteur potentiel, et ensuite le second, nous ont stressé, faut le dire. Ce n'est jamais des moments agréables mais nous sommes contents du résultat. Nous passerons quelques jours avec le nouveau propriétaire pour lui montrer plusieurs choses a savoir sur la navigation, sur le fonctionnement des  équipements, et de la maintenance a faire. 

J'écrirai un prochain message bientot sur le bilan de nos trois belles années de vie a bord d'un voilier et a propos de nos sentiments de quitter notre vie de navigateur... a suivre...