lundi 19 août 2019

Les Iles Samoa

Les Iles Samoa
Août 2019

Talofa! Ça veut dire bonjour en Samoan!

La traversée fût très rapide. Le vent de 20-25 kts parfois a 30 kts nous a fait avancer a une moyenne de 6,5 kt sur 3 1/2 jours, du jamais vu! Heureusement la mer se prenait bien malgré les vagues de 3m. Il a fait beau soleil et nous étions en communication avec nos amis anglais a chaque jour. Nous sommes arrivé a Apia en soirée et c'était facile de se diriger dans la baie. Nous avons jeté l'ancre (a bras...le guindeau ne fonctionne toujours pas). On s'attendait a un village pittoresque. On a mouillé devant un port avec des cargos, de la construction bruyante autour, et un grand village qui grouille de vie.

Le lendemain, on a vécu les joies des formalités: ça nous a pris la journée entière! Une visite d'un représentant du ministère de la santé a bord. Ensuite une visite d'un représentant des douanes a bord (pas en même temps évidemment!). Nous avons du aller en ville au bureau d'immigration. Et finalement les femmes du bureau de la quarantaine sont aussi venues a bord. Il faut prendre des arrangements et payer pour avoir accès au quai a dinghy a la marina... Bref dans certaines îles, c'est plus compliqué que d'autres!

Les Iles Samoa se situent au centre du Pacifique. Elles sont habitées depuis plus de 3000 ans mais elles ont été conquises par différents navigateurs européens au cours du 19e et 20e siècle. Elles se divisent en 2. Il y a les Samoa américaines qui ont été acquises par les EU et qui sont supportées par ce pays riche. Il y a les Samoa (anciennement les Western Samoa) qui ont obtenues leur indépendance en 1962, et qui sont plus pauvres. Les Samoans forment un peuple qui est très proche de ses traditions. La nature ici n'est pas tant grandiose que ce qu'on a vu ailleurs, mais ce qui m'a frappé ici c'est la culture. Ils pratiquent des rituels vieux de centaines d'années.

La première chose qui m'a surprise c'est de voir la plupart des hommes porter la jupe. Les jeunes comme les vieux, les gardiens de sécurité, les agents de la rue, les hommes dans les commerces, les serveurs de restaurant, les gens de bureaux, les enfants et adolescents en uniforme a l'école, ils portent  tous un genre de jupe portefeuille ou tout simplement un paréo attaché a la taille, avec une chemise colorée ou agencé a la jupe. C'est bien spécial. Un soir on est sorti et mon homme a voulu s'intégrer dans la culture locale, on a bien ri.












Nous avons eu la chance d'assister a des démonstrations de quelques traditions typiques d'ici. On a appris a se tisser un petit panier et une couronne avec des feuilles de palmiers. 










Le tatouage (tatau) est aussi très présent dans leur coutume. Les hommes, sur une base volontaire, se font tatouer de la moitié du dos jusqu'au haut des genoux, en passant par le fesses, et le ventre. C'est un rituel très significatif pour eux, qui montre leur engagement envers leur chef et l'appartenance a un clan. Leur manière traditionnelle de tatouer est archaïque et est très douloureuse. Ils utilisent des os ou des coquillages tranchants, trempés dans une encre faite maison.  On a vu une démonstration mais c'était interdit de prendre des photos. Ça prend plusieurs jours pour faire ce tatou et il y a tout un cérémonial entourant l'homme qui le subi. Les hommes portent une grande fierté de passer au travers cette épreuve. Les femmes se font aussi tatoué mais c'est beaucoup plus discret.



La sculpture est bien présente dans leur artisanat, ainsi que la fabrication des tapas. C'est une sorte d'étoffe constituée a partir d'écorce. On a vu une femme séparer l'écorce d'une branche d'arbre, y retirer la partie la plus souple, la mouiller abondamment en la frottant énergiquement avec des coquillages. L'écorce de quelques centimètres de largeur est devenue très grande en s'amincissant. Les femmes travaillent très dure pour faire ces feuilles qu'elles collent ensuite ensemble pour en faire une étoffe. Elles sont encore portées aujourd'hui a l'occasion d'une mariage ou d'un enterrement.






La danse est aussi importante aux Samoa. On danse aux anniversaires, mariages, réunions religieuses, rencontres sportives, etc. Les femmes dansent différemment de celles de la Polynésiennes française. Elles n'ont pas le déhanchement que j'ai vu. Elles sont plus habillées et les mouvements des mains, des doigts, et des pieds est beaucoup plus doux, moins saccadés. C'est très beau. Les hommes dansent aussi mais c'est plus comme une danse de guerre. Ils se tapent sur les cuisses, la poitrine, les bras, un peu comme les maoris font en Nouvelle-Zélande. J'ai adoré les spectacles de danses que nous avons eu le privilège de voir.









La famille est au centre de leur vie. Ils font tout pour protéger leur famille et même celle très large et éloignée. Ils ont beaucoup d'enfants et on a voit plusieurs écoles partout. Les gens parlent le samoan entre eux mais ils parlent anglais a l'école. On a trouver que plusieurs avaient de la difficulté a s'exprimer en anglais. Mais les plus jeunes semblent parfaitement bilingues. Il n'y a pas d'appartement ici. Ce sont des maisons bâties sur de grands terrains et les familles vivent ensemble. Et a côté de chaque maison ou d'agglomération de 2-3 maisons, il y a un fale. C'est une construction en forme ovale, parfois sur pilotis, avec des poteaux pour soutenir le toit en bardeau. C'est ouvert, il n'y a pas de murs. Les fales servent a recevoir la famille, a célébrer ou seulement a se reposer a l'ombre. De plus, a coté de chaque maison, il y a des pierres tombales et des installations funéraires. Les cimetières n'existent pas ici. Les gens gardent leurs êtres chers prêts d'eux!

Il y a aussi beaucoup d'églises. De toutes sortent de religions! Les gens sont très pieux et consacrent beaucoup de temps et d'argent dans leur église. Et chaque église a aussi son fale pour faire des réunions de village. On avait trouver les iles de la Polynésie française très propres comparées aux Caraibes. Et bien ici c'est encore mieux. Les allées sont embellies de fleurs et d'arbustes et on voit qu'ils prennent bien soin de leur environnement. C'est plaisant de voir ça.









Nous avons loué une voiture avec Moira et Bill du violier Krabat et Julian et Patricia du voilier A Cappella. On a fait le tour de l"ile Upolu, la seule que nous avions le temps de visiter. Nous avons eu la chance de nager dans un trou fait par la mer, marcher dans une forêt tropicale et aller voir des coquillages géants, qui vont jusqu'a 1 m de large, qui poussent a l'état sauvage dans une baie.



















Bref, malgré la mauvaise impression du début, j'ai vraiment beaucoup aimé cette escale. L'authenticité, la culture et les coutumes des Samoa m'ont charmés!

samedi 17 août 2019

Suwarrow, Îles Cook


Suwarrow, Îles Cook
Aout 2019


Nous avions retrouvé à Tahiti nos amis britanniques, Moira et Bill du voilier Krabat. Nous les avions rencontré pour la première fois à Funchal, Madère, il y a 2 ans. On s’est recroisé aux îles Canaries et au Cap Vert. Ils faisaient partis du rally Odyssey organisé par le célèbre Jimmy Cornell. On a eu la chance de prendre quelques verres ensemble et de mieux se connaître. Des gens charmants, généreux, avec une belle joie de vivre. Une traversée de l’Atlantique et une année plus tard, on s’est croisé par hasard à Antigua, dans les Caraïbes. On a célébré ça! Et une autre année plus tard, on se retrouve encore par hasard, à Tahiti! Quelle belle surprise! Ça montre aussi que le monde des navigateurs est bien petit et surtout, qu’on fait tous à peu près les mêmes routes dans les mêmes moments de l’année. Les vents dominants et les saisons favorables pour naviguer nous concernent tous. Bref on était bien heureux de revoir ce couple si gentil. Ils partaient de Bora Bora avec un autre couple d’amis du voilier A Capella vers Suwarrow. On a choisi de partir avec eux. Pour la destination en soit mais aussi parce que mon programme Airmail avec lequel je peux communiquer par courriels et obtenir ma météo en pleine mer, sans wifi, ne fonctionne plus et qu’il était plus prudent de partir avec d’autres. On s’est accompagné et parlé sur la radio HF à chaque jour et c’était rassurant.


Nous avions 690 MN à faire, ça nous a pris un peu plus de 5 jours. Ce fut une belle traversée. Les conditions étaient excellentes, juste assez de vent pour bien avancer, mais pas trop pour permettre une mer calme. Je prends mieux ma médication contre les nausées alors je me sens nettement mieux. Mais un autre problème nous attendait. Le compresseur du frigo manque de gaz (on croit), ce qui a pour résultat que le frigo fonctionne sans arrêt. Il ne fait plus son cycle normal. Non seulement on avait peur de perdre le frigo et tout son contenu (je vous signale qu’on était en région très éloignée pour 2 semaines alors le frigo et le congelo étaient pleins), il consommait toute l’énergie qu’on produisait. On n’était plus capable de gérer l’état de nos batteries. Encore des #&*!!# soucis avec l’énergie à bord... Mais le « bout de la marde » c’est à notre arrivée, en pleine manœuvre d’ancrage, le guindeau nous a lâché! Le guindeau et son moteur servent à monter et descendre la chaîne de façon mécanique. C’est beaucoup trop lourd de le faire manuellement. Alors en plein milieu de la descente de l’ancre, tout s’est arrêté. Je suis toujours à la roue et Stéphane est au puit d’ancre pour faire cette manœuvre. J’ai du faire du sur place un bon moment, avec des bons vents qui poussaient sur le bateau, le temps de voir ce qui se passe. Pendant ce temps, la chaîne s’est enroulée autour des roches, dans 50 pi d’eau! Il fallait absolument sortir de la. On était dans de mauvais draps, et stressés au Max! Pour la première fois depuis le début de ce voyage, autant mon capitaine que moi, on avait le goût de pleurer... de découragement, d’écœurement, de fatigue aussi...

Les amis de Krabat et d’un autre bateau sont venus nous aider a nous déprendre, à lever la chaîne a bout de bras, et à s’ancrer dans un endroit sécuritaire. Ouf! Que la vie de bateau est difficile parfois! On y restera pour 3 jours avant de relever à nouveau l’ancre à bras et repartir vers une autre destination où on peut trouver un professionnel de la réfrigération, et un nouveau guindeau...

Suwarrow est un petit atoll très isolé, faisant parti des îles Cook. C’est un parc naturel où seulement 2 hommes y demeurent, pendant la saison de passages des voiliers. Ils protègent l’île, et sont autorisés à faire les formalités d’entrées et de sorties du pays. Ils sont vraiment accueillants et très relax. Nous étions 8 bateaux arrivés presque en même temps. Les gardiens nous ont convié à un pot luck sur la plage. Ils avaient pêché du poisson pour tout le monde et on apportait le reste. Quelle belle soirée ce fut! Il y avait des anglais, une allemande, un américain, une chinoise, un jeune couple brésiliens, deux jeunes familles françaises, et nous les canadiens. Les gardiens du parc nous ont offert une prestation de chants maori, quelques chansons à la guitare, après avoir fait la prière devant le festin qui nous attendait. Ces beaux moments remplis d’authenticités, sont exactement ce dont je rêvais de faire au cours du voyage. Des belles rencontres, où chacun a ses histoires à raconter. Où toutes ces nationalités réunies sans aucun préjugé, juste une belle ouverture à l’autre. Ou tout le monde est égal et humble face aux défis de vivre sur un voilier. Ou l’entraide se fait naturellement. On est venu voir mon programme pour le débogguer sans succès, alors on m’a offert d’aller sur un voilier pour écrire un mot à ma mère pour son anniversaire. On est venu à bord pour aider Stephane à trouvé la source du problème avec le frigo. Un homme à aider un autre à retrouver son dinghy... et nous aiderons quelqu’un d’autre à notre tour. « Donner au suivant » c’est incroyable comment ça se vit spontanément dans le monde des voileux!

Une des plongées les plus extraordinaires que nous avons fait est ici. Nous avons nagé avec une gigantesque et majestueuse raie manta. Plus de 3m de largeur! Qui est restée juste au dessous de nous longtemps. Elle ouvrait sa grande gueule afin que des petits poissons viennent lui récurer les dents! C’était très impressionnant! Encore une fois, je ne peux pas croire que j’ai vu ça de mes propres yeux!