vendredi 18 octobre 2019

Les Iles Fidji

Fidji

26 Août 2019

Bula! Ceci veut dire bonjour en Fidjien!
Et Vinaca veut dire merci!


Les îles Fidji font rêver. Ca semble tellement exotique et lointain. Et nous y sommes! Pourtant il sera difficile d’en profiter pleinement. En principe, cet endroit idyllique devrait être notre dernière destination avec Ambition... J’y reviendrai plus tard.

Ce pays comporte deux grandes îles et plusieurs petites îles qui forment des archipels tout autour, sur un très vaste territoire. Ce qui impose de longues navigations entre ces îles. Elles sont formées comme les Îles de la Société en Polynésie française, c’est à dire des îles montagneuses entourées de récifs qui forment de grands lagons d’une couleur bleu turquoise. En provenance des Samoa, nous avons atterri le 25 août à Savusavu, ville principale de l’île de Vanua Levu. Je dirais plutôt un grand village, avec une seule rue principale, qui comporte plusieurs commerces, quelques épiceries, un marché qui offre un beau choix de fruits et légumes, et quelques restos vraiment pas chers. Après les nombreuses formalités d’entrée (douanes, immigrations, ministère de la santé, bureau de quarantaine, permis de navigation de plaisance, etc), nous avons pris un mooring à la marina de Cophra Shed et on s’est installé pour presqu’un mois.



Notre contact avec les locaux vivant dans les villes est cordial et poli, mais on ne voit pas trop de chaleur envers nous. Ils ne semblent pas aussi accueillants que les Polynésiens, et moins proches de leurs traditions que les Samoans. Ils s’habillent de façon plus moderne. Par contre., les enfants sont curieux et nous saluent discrètement. À Savusavu, on a constaté que la moitié des gens étaient d’origine Fidjienne, avec la peau très noire. Ils sont physiquement différents des descendants maoris comme en Polynésie. Et l’autre moitié sont plutôt indiens. Les britanniques, qui dirigeaient le pays autrefois, ont importés beaucoup d’esclaves de l’Inde et ceux ci occupent maintenant le pays. Ce peuple, surtout les femmes, portent les vêtements traditionnels indiens. Je trouve ça très beau. Nous avons assisté à une parade pour une fête religieuse indienne et on se serait cru en Inde! En parlant avec les gens, on a appris que les Fidjiens parlent leur dialecte à la maison, que les indiens parlent leur propre dialecte, et que la plupart des gens ont appris la langue de l’autre afin de mieux se côtoyer! Les québécois et le ROC auraient vraiment avantage à apprendre d’eux! À Savusavu, on nous a dit que les deux peuples cohabitent harmonieusement ensemble. Par contre, à Suva, la capitale, les indiens sont principalement les propriétaires des commerces et détiennent la richesse, ce qui rend les Fidjiens plutôt en aversion vis à vis de leurs concitoyens. Ce qui est impressionnant est que tout ce beau monde parle anglais, avec un gros accent mais dans un très bon anglais. Il est donc facile de communiquer.

On constate que les gens semblent plus pauvres ici qu’aux Samoa. Les maisons sont nettement plus petites, faites de tôles et de ciments. Le niveau de vie semble plus modeste. Il y a des étagères pleines de nouilles Ramen dans les épiceries et les locaux achètent principalement ces nouilles, ainsi que des bonbons... Il y a beaucoup d’enfants, donc une ou deux écoles à chaque village. On voit beaucoup moins d’obésité que dans le reste du Pacifique par contre. Il y a plusieurs restaurants indiens et asiatiques pas chers. Nous n’avons pas l’habitude de sortir au resto mais ici, on s’est gâté un peu.

Deux jours après notre arrivée à Savusavu, je quittais seule pour un séjour de deux semaines à la maison. Je suis allée visiter ma fille qui habite à Vancouver, et qui était libre juste avant sa rentrée scolaire (elle est prof de 6e année dans une école francophone). On a donc pu profiter pleinement l’une de l’autre, et faire les touristes. Je connaissais Vancouver la ville, mais la j’ai aussi découvert les belles banlieues de Coquitlam, Burnabay, Richmond, Steveston, North Vancouver. On a fait de longues randonnées, goûté aux spécialités locales, et surtout, on a beaucoup jasé. Ma belle et sage Marianne! Ça nous fait toujours du bien de se voir. Je me suis ensuite rendue à Montréal. Rétablir les ponts avec ma fille aînée était une priorité... Mais la raison première de mon séjour à Montréal était d’assister à la Course annuelle Julien-Robitaille. Cette 2e édition est organisée par les amis de Julien, pour célébrer sa mémoire et récolter des fonds pour la Fondation des maladies du cœur. Quel bel héritage il nous laisse! Je suis tellement touchée de voir l’impact que mon fils a eu sur ses proches! Et de constater qu’il est toujours aimé et qu’on ne l’a pas oublié! Ce fut une journée forte en émotion... Et encore une fois une semaine bien remplie a revoir ma famille et mes amis. Je suis repartie avec mon petit bagage rempli d’amours, d’amitiés, de réconforts et d’encouragements. Je suis rassasiée pour un bon moment. J’étais heureuse de revenir vers mon homme, et de poursuivre notre vie de nomades, malgré les 36h de déplacements en avion et d’attentes aux aéroports. Après des jours en navigation pour faire de courtes distances, les déplacements en avions me semblent très faciles et relaxants!

Pendant ce temps, mon capitaine n’a pas eu le temps de s’ennuyer! Le moteur du guideau avait besoin d’un reconditionnement par un machiniste, c’est fait. Il a changé des fils électriques dans le bateau, ce qui a demandé une patience d’ange. Il a passé énormément de temps à régler les problèmes du frigo: changer et tester différents thermostats, faire venir plus d’une fois un technicien pour changer le gaz du compresseur, faire les ajustements nécessaires. Il a assuré plusieurs tâches d’entretien, nettoyages dans des recoins où je ne vais pas souvent, en plus de frotter la coque. Il a rencontré de nouveaux amis navigateurs et échangé quelques services et entraides. Bref ses deux semaines seul ont passé vite pour lui.

Mon retour fut coordonné avec la mise en vente du bateau. Nous avions été mis en contact avec une femme qui vend des voiliers usagés aux Fidji (un broker professionnel). Après analyse de différentes options, nous avons décidé de vendre le bateau ici. Idéalement, il faut que ça se fasse avant la fin novembre, pour éviter de devoir assurer l’entreposage (et tous les coûts et le travail que ça implique) pendant la saison cyclonique. J’ai donc passé beaucoup de temps à écrire l’historique et le descriptif du bateau, à énumérer la liste des équipements et des nombreuses pièces de rechange qui seront comprises dans la vente, et ce, en anglais et en français. On a beaucoup nettoyé, fait du « home staging » et on a pris de nombreuses photos et des vidéos (moi parlant dans un anglais approximatif car j’utilisais des termes marins inconnus pour moi!) ventant les extraordinaires atouts d’Ambition... Tout ça nous a tenu occupés pendant plusieurs jours. L’annonce officielle de notre bateau à vendre a été mise sur de nombreux sites spécialisés le 23 septembre et est visible dans le monde entier. On vise le marché des navigateurs australiens ou néo-zélandais qui désirent avoir un voilier aux Fidji. Pour votre curiosité voici une partie de l’annonce (les acteurs dans la vidéo n'étant pas des  professionnels, soyez indulgent!)

https://www.youtube.com/watch?v=i_-jsR3ur30&t=28s

Une fois le lancement de l’annonce mis en ligne, c’est notre agent qui gère les demandes d’informations et les appels. Nous devons nous rendre disponible pour des visites et c’est nous qui aurons la charge d’accueillir les potentiels acheteurs à bord. On préfère faire visiter le bateau nous meme et c’est une formule gagnante puisqu’on économise substantiellement sur la commission.

Comme on n’envisage pas de visites dans les deux premières semaines, on a donc décider de profiter un peu de ce pays. Nous avons pris ce temps pour se rendre a Suva, capitale des Fidji sur l’île de Viti Levu, et ensuite dans l’atoll Astrolab, près de l’île de Kadavu, a 50 MN plus au sud. Suva est la capitale du pays. La ville est remplie de commerces et de magasins et le marché au centre ville est très grand. J’étais tellement enthousiaste de voir autant de fruits et légumes que j’ai fait des provisions pour 2 semaines! Mais où vais-je mettre tout ça sur le bateau? 






On a fait de longues navigations pour se rendre à Kadavu mais le déplacement en valait la peine. On a profité de très beaux mouillages reculés, ou nous étions seuls devant une nature généreuse. Les plongées ont été dans nos plus belles de tout le voyage! Les coraux sont extraordinaires, variés, éclatants de couleur, et une panoplie de petits poissons de récifs multicolores. On a vu nos premières langoustes du Pacifique mais elles étaient si petites qu’on a pas osé les prendre. Et aucun gros poisson à chasser malheureusement...



















Ambition est le minuscule petit voilier qu'on voit ici au mouillage!








Nous avons visité la petite île de Dravuni et son village de 200 habitants. On a rencontré Jolami, le représentant officiel du chef. Son titre est spokesman! C’est la tradition ici, pour toutes les petites îles. On doit passer par le spokesman avant de rencontrer le chef. On a eu le plaisir de discuter longuement avec lui. Un ancien militaire de l’armée Fidjienne qui a fait des missions de l’ONU et qui, rendu à la retraite, est revenu sur son île natale qu’il aime tant. Il nous a parlé de sa vie, de son île, de leurs coutumes. Une belle rencontre. Il nous a introduit au chef du village. Nous avions lu que pour chaque village sur les petites îles, il fallait offrir au chef du kava. Le kava vient des racines d’une plante indigène avec laquelle on fait des infusions. Il y a tout un cérémonial lors de la préparation de ce breuvage ancestral et un protocole lors du partage du précieux liquide. On appelle un sevusevu, cette cérémonie de boire dans une coupe faite de noix de coco et qui respecte la hiérarchie de la communauté et des invités. Nous avions acheté quelques paquets de kava en prevision de ces rencontres. Le spokeman a récité un texte en fidjiens, ensuite en anglais. Il nous nommait, mentionnait notre pays d’origine, nous accueillait. Notre offrande a été reçue par le chef. On a du claquer les mains trois fois. Et finalement, il nous a officiellement donner la permission de visiter son île ainsi que les quelques autres îles faisant parties de sa juridiction. Il nous a également permis de plonger à l’eau et profiter de la mer sur son territoire...

Cette pratique est un peu controversée ici. Le kava s’avère être une boisson relaxante, avec des propriétés légèrement euphorisantes. On ne sait pas trop si c’est une drogue naturelle ou pas. Il paraît que les gens en boivent à chaque jour. Il est exigé par chaque chef de village d’offrir du kava (a gros prix quand même!). Nous, les navigateurs qui font plusieurs escales, c’est comme une taxe déguisée... J’avais acheté des crayons de couleurs et des cahiers pour les enfants. Je préfère plutôt tot offrir des cadeaux qui ont une portée éducative. Mais je comprends que nous sommes chez eux, et qu’on doit respecter leur façon de vivre...






Les hommes, comme les femmes, doivent porter le paréo lors de la cérémonie du sevusevu...






Le retour à l’île Viti Levu fut rock&roll. On a filler rapidement avec des vents au portant de 25-30kts. Une escale à une petite île qui se nomme Robinson Cruisoe nous a permis de poursuivre notre rehaussement du bateau en vue de la vente. Cette île loge un petit resort avec à peine une trentaine de clients. Les employés de cet hôtel ont monté un spectacle traditionnel et se produise à raison de trois fois par semaine, en invitant des clients des autres hôtels situés sur la grande île. On a assisté à un souper-spectacle que nous avons bien apprécié. Les danses font penser à un mélange des danses polynésiennes (déhanchement typique) et des danses samoanes (avec les jeux de mains). Il y a eu aussi des danses avec le feu, vraiment impressionnant! Nous avons fait la rencontre d’un couple de navigateurs américains très gentils.







Pendant les navigations entre ces iles, nous avons vu un phénomène particulier en mer. Nous savions qu'un volcan sous-marin avait fait irruption au large des Iles Tonga. Les Tonga sont situées a plus de 700km au sud-est des Fidji. Les navigateurs avaient été informés de masse de pierres volcaniques qui flottaient a cause de ce volcan actif. Et bien quelques semaines plus tard, les vents de l'est ont transportés cette lave devenue de petites roches volcaniques jusqu'ici. On a traversé des trainées de ces petites roches qui flottent a la surface de l'eau. Elles ont même bloqué la pompe d'une de nos toilettes! Et elles se retrouvent échouées sur les plages des iles...


Voici un autre village que nous visité et ou nous avons offert du kava au chef. Les enfants étaient adorables et attachants!











3 Octobre 2019

On s’est installé à Port Denarau, sur la côte ouest de l’île, près d’une grande marina et des bureaux de notre agent. On s’approchait de l’aéroport pour des visiteurs potentiels. Aussitôt débarqué, il me fallait recharger mes données wifi car ça faisait quelques jours que nous n’avions pas de communication. Notre agent nous cherchait: une offre d’achat intéressante provenant d’un Australien, lui avait été soumise! Sans même avoir visiter le bateau, seulement avec les photos et les vidéos, il a fait une offre conditionnelle au résultat de inspection. Il avait longuement discuté avec elle. Afin de réserver le bateau, et de ne pas prendre l’avion pour rien, l’acheteur a fait un dépôt. On a accueilli le gars et avons passé 1 1/2 journée avec lui. Il était présent au moment de l’inspection et tout était parfait. Le rapport montre un bateau impeccable, avec aucune défectuosité! Bravo mon homme pour tous tes efforts!!! Contre toute attente, le gars s’est désisté! On croit qu’il a paniqué un peu. Sans expérience, il semblait être intimidé par la grandeur du voilier, et désemparé par l’ampleur des équipements à faire fonctionner et de l’entretien à assurer... Il a, malheureusement pour lui, perdu son dépôt! Le bateau est retourné sur le marché.

14 Octobre 2019

Déçus, nous avons donc décidé d’aller visiter quelques petites îles autour. Il y a pire comme endroits pour aller se consoler!. Nous avons tenté de profiter des eaux chaudes et turquoises des atolls à proximité de la ville, mais pas moyen!. On a reçu un appel. Un homme qui était en train de magasiner un bateau à Singapour, voulait venir voir Ambition. Il prenait un vol et arrivait 2 jours plus tard. Encore un futur navigateur seul (canadien cette fois), sans aucune expérience de bateau. Il a fait de la voile à l’adolescence mais depuis, rien. Il rêve de vivre simplement sur son voilier, et d’amener le bateau en Indonésie, en Asie, et ensuite aller rejoindre sa sœur au Brésil. Il a été camionneur toute sa vie et il souhaite modifier son mode de vie drastiquement. Branle-bas de combat a nouveau pour déssaller le bateau et le rendre immacculé. Il a passé la journée avec nous, fait une sortie en mer et le lendemain, il nous faisait une offre qu'on a accepté évidemment. Le bateau répondait a ses besoins en terme de confort et de vie a bord, et surtout il était tout équipé et tout a été réparé. Il est pret pour repartir et faire un tour du monde! Ambition est un clé en main, prêt a reprendre la mer, et pour longtemps!

Les jours d'attente et de négociation, avec le premier acheteur potentiel, et ensuite le second, nous ont stressé, faut le dire. Ce n'est jamais des moments agréables mais nous sommes contents du résultat. Nous passerons quelques jours avec le nouveau propriétaire pour lui montrer plusieurs choses a savoir sur la navigation, sur le fonctionnement des  équipements, et de la maintenance a faire. 

J'écrirai un prochain message bientot sur le bilan de nos trois belles années de vie a bord d'un voilier et a propos de nos sentiments de quitter notre vie de navigateur... a suivre...


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