22 Juin
Tahiti (Iles de la Société)
Juste le nom TAHITI
évoque un endroit paradisiaque, exotique, avec de belles plages de sable fin,
et de magnifiques femmes nous accueillant avec des couronnes de fleurs sur
leurs longs cheveux noires. Et bien pour nous Tahiti signifie plutôt problèmes,
soucis, dur labeur, et une grande ville sans intérêt! La vie à bord n’est pas
toujours un petit paradis cute et heureux…
En arrivant ici (le 6 juin), nous avions comme priorité de
trouver un nouveau dinghy. Après quelques jours de recherche, on a finalement
trouvé. Il est usagé mais en bonne condition. C’est le modèle que nous
souhaitions avoir depuis le début : Highfield 310cm. Plus grand pour
permettre qu’il s’accote mieux sur notre arche lorsqu’on le monte chaque soir.
Plus haut pour qu’enfin on cesse de se mouiller à chaque sortie. Plus robuste
et moins pesant (fond en aluminium). Bref c’est comme si on avait prémédité la
perte de l’ancien dinghy… Un jeune norvégien nous vendait son dinghy (trop gros
pour son bateau) mais il en avait besoin dans l’attente de la livraison de son
nouveau. Nous avons dû attendre 6 jours! On nous a prêté une petite chaloupe
avec des rames pour 2 jours. On nous a donné des lifts au besoin. Et on s’est
mis au quai, à la marina Taina, pour 2 jours. Aussitôt le dinghy reçu, on s’est
empressé de mettre notre moteur hors-bord dessus. Il ne partait pas. Capoute!
On a fait venir un réparateur. Il s’avère que le carburateur s’est endommagé
lors de la mini-tempête aux Tuamotu, en se faisant brassé un peu trop. Le gars est
donc parti avec pendant une semaine (sans donner de nouvelles!) pour ensuite
nous annoncer qu’il fallait commander la pièce au Japon (chez Yamaha) et que ça
prendrait 2 mois! On a finalement trouvé un autre gars pour remplacer quelques
morceaux avec des pièces usagées et ça fonctionne enfin. En attendant, j’ai
ramé chaque fois que je voulais me rendre à terre… Ça nous a donc pris 2
semaines avant d’être autonome avec un dinghy qui fonctionne pleinement.
Entre-temps, nous avons trouvé une femme qui répare les
canevas. Nous avions une fermeture éclair d’un panneau du dodger de brisé. Elle
est venue le chercher et nous l’a rapporté 2 jours plus tard. On a aussi trouvé
un atelier pour réparer notre spy, déchiré lors de notre traversée depuis
Panama. Ça coutera cher mais on l’aura d’ici 2 semaines. Nous devions aller
chercher nos visas de séjour prolongé au Haut-Commissariat, c’est fait. Nous
avions quelques courses à faire pour le bateau et pour les réserves de cales,
c’est fait. Mais d’autres problèmes s’ajoutaient au fur et à mesure qu’on en
réglait. Nous n’étions pas au bout de nos peines…
Il y a quelques jours, on a trouvé de l’eau dans les cales.
Un tuyau coulait. Un petit trou aussi petit qu’une pointe d’aiguille. Mais
suffisant pour faire des dégâts. Stéphane a mis plusieurs heures à réparer ce
tuyau. Le lendemain, on s’est levé avec la moitié de notre réservoir d’eau dans
les cales! Le même tuyau fuyait un peu plus loin. On n’a pas entendu la pompe à
eau s’activer la veille car nos amis de Frimousse étaient avec nous pour
souper, on jasait dehors et j’avais mis de la musique. Avant de se coucher, on
ferme toujours la pompe, mais l’écoulement avait eu lieu avant. Ça nous a pris
encore toute la journée pour vider les cales, pour retirer l’eau qui se répand
insidieusement partout, pour remplacer le tuyau au complet, et pour remettre le
tout a sa place. Imaginez un tuyau qui part de notre petit réservoir à eau
chaude situé dans le salon, qui passe derrière les murs en bois, et qui arrive
sous l’évier de la cuisine. Stéphane a du dévisser et défaire une armoire
complète pour avoir un accès. On a usé de nos deux têtes pour trouver des
solutions. J’ai assisté mon homme, supporté, encouragé du mieux que je pouvais.
Une autre journée exténuante, surtout pour lui! Nous avons appris
qu’éventuellement tous les tuyaux seront à changer… l’usure normale… Beaucoup
de plaisir en perspectives!
En continuant avec les problèmes, nous avons eu beaucoup de
pluie dernièrement et, évidemment, ça coule dans le bateau! Nous avions eu quelques gouttes auparavant à
des endroits précis mais maintenant, c’est pire. La source vient de quelques
vis qui traversent le support de bois sur le pont, et des connexions des fils
entre le mat et l’intérieur du bateau. Mon homme s’est mis à cette tâche, une
autre, pour réduire le plus possible l’entrée d’eau. Il a réussi mais pas
totalement. C’est très difficile de rendre un bateau complètement étanche.
La cerise sur le sundae fût les folies des batteries. On
chargeait les batteries mais nos multimètres indiquaient des chiffres variables
et instables. Le régulateur (remplacé il y a 2 ans à peine) est peut-être
brisé? Ca charge mais pas assez. Est-ce l’alternateur plutôt? Un autre
casse-tête à résoudre. A Panama, nous avions changé les batteries de la maison
mais pas celle du moteur. Mon amour de technicien a investigué, testé, discuté
avec des amis navigateurs. Tout indique qu’elle est morte et doit être changée…
Mais ça ne règle pas le problème du régulateur ou de l’alternateur…bref la
gestion des batteries est un constant challenge et d’une récurrente
frustration!
Jusqu’à maintenant, tout ce qu’on connait de Tahiti est le
centre-ville, pas particulièrement joli, les quartiers industriels affreux près
du port ou logent les magasins de bateaux, et la marina Tahia, située en
banlieue de Papeete, et qui donne sur une autoroute! On ne retrouve pas
l’accueil chaleureux des Polynésiens rencontrés aux Marquises et aux Tuamotu. Les
Tahitiens ont une attitude différente du fait de vivre dans une grande ville
probablement. Aussi, ils ont une culture
différente, une histoire différente, même leur physionomie est différente. Ils
proviennent de descendances maoris, avec des racines asiatiques ou germaniques
pour plusieurs. La langue maternelle est le polynésien mais les Tahitiens
parlent un dialecte différent des Marquisiens. Ils se comprennent mais ça
s’entend, c’est un langage différent. A
la maison, ils parlent leur polynésien selon l’archipel. Mais à l’école, ils
apprennent le français comme langue seconde. Donc ceux qui ne vont pas à l’école
longtemps parle un français limité. Toutefois, la plupart peuvent très bien
communiquer avec nous, malgré leur accent prononcé. C’est vraiment un accent
unique, difficile à répliquer. Ils rrrroulent beaucoup leur r. A notre plus
grande surprise, la majorité reconnaissance notre accent québécois! Ils adorent
Céline Dion et grâce à elle, ils connaissent l’accent du Québec! C’est là qu’on
doit reconnaître qu’elle est vraiment notre ambassadrice. Seuls les français
venant de la métropole (en France) ne reconnaissent pas notre accent… Souvent,
on s’adresse à eux en français et assumant que nous sommes étrangers, ils nous
répondent en anglais! On leur répète qu’on parle français, et ils répondent à
nouveau en anglais. C’est assez insultant! Il y a beaucoup de français
travaillant et vivant ici. C’est un département français outre-mer. Ils
occupent souvent les postes les mieux rémunérés en plus…
La seule activité touristique qu’on s’est permis de faire
est d’aller faire un tour à la fête de l’Orange, organisée à chaque année à ce
temps-ci, dans la banlieue ou nous sommes. La vallée attenante est remplie
d’orangeraies et des hommes courageux et forts, se rendent à pied, dans la
brousse et les chemins escarpés, pour aller les cueillir, et les transporter
jusqu’au village. Ces hommes sont honorés par toute la communauté et plusieurs
activités sont organisées.
26 juin
Nous en avions marre des problèmes, et du mouillage très
achalandé devant la marina. Nous avons levé l’ancre pour une petite vacance à
l’ile de Moorea, seulement à 17 MN d’où nous étions. A part les 2 premiers
jours ou des bourrasques de vent forts nous menaçaient constamment et qu’on
était confiné à bord, se fût une autre très belle découverte! Une ile
montagneuse et verdoyante, mais entourée de coraux ou lorsqu’on prend une passe
et qu’on se retrouve de l’autre côté des récifs, l’eau est calme, claire et
transparente. Les raies vivent autour de nous et on les voit bien même du
pont. Les habitations sont beaucoup plus
belles et riches qu’à Tahiti, et les insulaires sont plus accueillants. Nous
avons retrouvé des gens de bateau rencontrés auparavant aux Marquises ou aux
Tuamotu. Nous avons apprécié un spectacle de danse traditionnelle offert dans
le cadre d’un rassemblement de navigateurs. Ils participaient à un rallye et
ils se dirigent tous vers les iles de l’ouest du Pacifique, jusqu’en
Nouvelle-Zélande. Ça nous a permis de discuter sur les différentes options qui
s’offrent à nous après la Polynésie. (j’y reviendrai plus tard…)
Nous avons fait de belles randonnées dans les champs d’ananas et la forêt tropicale. Nos amis de Frimousse nous ont prêté leurs vélos et nous avons adoré faire le tour de l’ile (65km) sur une piste cyclable qui longe toute la côte. Quel bonheur de pédaler, moi qui n’avait pas fait de vélo depuis des lustres! Les jambes sont encore bonnes…
C’est avec nos inséparables amis Sophie et André que nous
avons fêté la St-Jean-Batiste. Il a apporté sa guitare et son cartable de
chansons et on a chanté du bon québécois toute la soirée du 24 : Felix
Leclerc, Jean-Pierre Ferland, Claude Dubois, Robert Charlebois, Paul Piché,
Beau Dommage, Jim et Bertrand, Marjo, Richard Desjardins, Jean Leloup, Luc de
la Rochelière, Daniel Bélanger et plusieurs autres. On aime toujours retrouvé
nos vieux classiques!
On veut profiter de cette magnifique île, quoi que pas mal
touristiques, pour la prochaine semaine et ensuite revenir a Tahiti. On doit
régler encore plusieurs choses avant l’arrivée de notre belle visite. La sœur
de Stéphane vient nous voir pour 2 semaines! C’est la 4e fois
qu’elle vient nous visiter depuis notre départ alors je crois qu’elle aime ça!
On a toujours beaucoup de plaisir ensemble et on a hâte de la retrouver. On lui prépare un beau
programme de vacances!
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