Les mouillages!
Je prends le temps de vous écrire sur les mouillages car
c’est une manœuvre d’une grande importance et aussi, un sujet délicat… Il est
très important de bien ancrer. Chaque soir, notre sommeil et notre sécurité en
dépendent. Il est primordial de jeter l’ancre au bon endroit afin de sécuriser
le bateau pour ne pas chasser (partir à la dérive car l’ancre ne tient plus
dans le fond). On doit trouver la bonne baie et ensuite le bon endroit dans la
baie pour éviter le plus possible l’effet de roulis venant du large. On doit
surtout bien évaluer les distances avec les autres bateaux pour ne pas être
trop proche, et analyser le vent qui peut nous faire virer de bord. Bref c’est
sérieux!
C’est un sujet parfois délicat car ce sont les seuls moments ou, comme bien d'autres couples navigateurs, on peut se chicaner…Pas à chaque mouillage évidemment, mais c’est un sujet à
risque!
On a développé une bonne technique, et une bonne communication, qui
rendent les choses efficaces. Il est au guindeau à l’avant pour jeter l’ancre
et je suis à la barre et au moteur. On a
nos signes pour diriger le bateau, pour reculer pendant que l’ancre descend et laisser
la chaîne s’allonger au fond, pour donner du gaz afin de bien faire rentrer
l’ancre dans le fond. Je trouve difficile de tenir le bateau face au vent
lorsqu’il y a beaucoup de vent, il part de tous les bords. Je trouve difficile
de bien évaluer les distances lorsque je suis dans le cockpit et lui, debout
sur le devant du pont.
Mais choisir l’endroit parfait est encore plus difficile. On
n’a pas toujours la même vision des choses. Stéphane tergiverse, analyse,
hésite, et pour ma part, je m’impatiente. Il faut que je prenne mon mal en
patience et attendre ses ordres… un défi pour moi! Ensuite il peut arriver que
l’ancre ne prenne pas. Le fond est trop dur par exemple. On doit recommencer et
ceci met mon capitaine dans tous ses états. J’ai beau lui dire que ça arrive à
tout le monde, que ce n’est pas grave et qu’on peut changer de place, on dirait
qu’il le prend comme un échec à chaque fois! J’ai vu des navigateurs expérimentés se
reprendre à plusieurs fois avant de bien ancrer. Mais Stéphane voudrait
toujours réussir du premier coup, ce qui cause de la frustration de sa part... L’ancrage, même après presque 3 ans à le pratiquer
régulièrement, est toujours un court moment de stress. Il nous est arrivé de
chasser…Il nous est arrivé de voir d’autres bateaux chasser sur nous ou même partir
au large… Il nous est arrivé de demander à des capitaines de se déplacer car
leur bateau était trop près de nous. Il nous est arrivé souvent de rouler toute
la nuit car le roulis du large (du swell) entrait dans la baie et faisait
balancer le bateau de gauche à droite, tellement qu’aucun verre ne pouvait
tenir. Il nous est arrivé que notre chaîne s’entortille autour d’une grosse
roche et que mon capitaine doive plonger a 20 pi de profond pour aller
déprendre la chaîne coincée. Il nous est arrivé d’être très proche du fond et
d’avoir peur d’échouer. Alors vous comprenez que c’est du sérieux!
Les seuls qui ne semblent pas prendre ça au sérieux sont les
navigateurs sous pavillon français! On les reconnait comme de grands navigateurs, avec
beaucoup d’expérience. Mais comment se fait-il qu’ils prennent cette manœuvre
tellement à la légère! Les seuls qui arrivent à toute vitesse dans un lieu de
mouillage, qui jettent l’ancre pendant que le bateau avance encore, qu’ils
jettent toute la chaîne dans un 'tapon' et attendent que le vent fasse son
travail de faire reculer le bateau comme il faut, qu’ils ne s’assurent pas que
l’ancre soit bien rentrée dans le sable, et qu’ils partent à terre dès le
moteur coupé, ce sont les français! On ne comprend pas. Nous qui malgré toutes
les précautions adoptées, on prend le temps de plonger à l’eau et d’aller voir
de nos propres yeux si l’ancre est bien rentrée dans le sol!
Voilà notre quotidien avec le mouillage. Et
chaque île, chaque endroit visité, chaque déplacement, on revit cette
situation!
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