La Dominique
14 Janvier 2018
En quittant la Martinique, nous avons parcouru 54 milles
nautiques pour atteindre Portsmouth, sur l’Ile de La Dominique. Nous avions lu
que cette île était un paradis pour les randonneurs avec ses nombreux sentiers
bien balisés et offrait des forêts et montagnes luxuriantes. Malheureusement,
cette magnifique île fût frappée par l’ouragan Maria, le 17 septembre dernier!
Cette île malchanceuse, située juste entre la Martinique et la Guadeloupe, a
subit d’énormes dégâts, pendant que ses voisines françaises n’ont presque pas
eu de dommages. L’ouragan a durée 5 heures et ce fût l’horreur pour eux. La
plupart se sont réfugiés dans des sites dédiés comme des écoles ou édifices
construits en ciment, mais plusieurs ont restés dans leurs maisons et tous
étaient inquiets pour leur survie…
Mes sentiments étaient mitigés, entre vouloir rester et
encourager l’économie locale, et partir parce qu’il n’y avait plus grand-chose
à voir, ni à faire. Même après 4 mois, toute l’île n’était que désolation,
désordre, misère… Nous sommes restés 3
jours et 4 nuits finalement.
En marchant dans la rue, on voyait que la plupart des toits
de tôle avaient été arrachés et des bâches en plastique (fournies par La Croix
Rouge) étaient installées temporairement, laissant l’eau s’infiltrer partout
dans les maisons dues aux orages fréquents pendant cette saison. Lorsque des
édifices avaient plus d’un étage, les seconds et subséquents étages étaient complètement
détruits. Les poteaux électriques avaient été cassés, les fils pendaient
partout dans les rues. Toute l’infrastructure électrique de l’ile fut détruite.
Seules les villes de Portsmouth et Roseau (la capitale), ont pu installer un
nouveau réseau mais le reste de l’île n’a toujours pas d’électricité! De
nombreuses épaves de bateau de pêcheurs et de bateaux commerciaux sont laissées
sur terre! Nous avons loué une voiture une journée pour tenter de découvrir le
reste de l’île. Partout sur les routes, on voyait des lampadaires pliés, des
parties de routes et ponts effondrés, des débris de maisons et carcasses
d’auto, des ordures, bref le paysage était vraiment désolant. Nous avions mal
pour leur nature… Les arbres dépouillés de leurs branches, de nombreux arbres
et arbustes arrachés, déracinés, des sentiers toujours impraticables. De la
mer, on voyait les montagnes abimées, comme si des griffes de mains géantes
avaient laissé de longues fissures. Ce
fût les trombes d’eau durant l’ouragan qui ont fait des glissements de
terrain. Le mot désolation nous revenait souvent en tête.
Ce qui est triste c’est que les Dominicains semblent laissés
à eux-mêmes, sans trop d’aide du gouvernement, sans travail, et un manque
flagrant de ressources pour reconstruire.
Ils manquent même d’outils et de machinerie pour nettoyer! Ancienne
colonie britannique depuis le traité de Paris, la Dominique a choisi son
indépendance, et est donc seule à gérer son minuscule pays. Les revenus sont
extrêmement bas et je me demande comment ils vont se sortir de cette
catastrophe. Je ne vois pas d’avenir pour eux et ça me bouleverse. Je me sens
impuissante.
Mais en dépit de cette misère, les gens d’ici sont
résilients et courageux. Les Dominicains sont gentils et accueillants, toujours
prêts à nous aider. Ils sont fiers. Leurs enfants se rendent à l’école en
uniforme tout propre. Les navigateurs
sont accueillis dès notre arrivée au mouillage, par des guides touristiques
officiels du gouvernement. Les hommes de l’organisation P.A.Y.S sont éduqués, multilingues,
et viennent nous voir à bord de leur barque en offrant leur aide et leurs différents
services. Nous avons rencontré Daniel, et l’avons engagé pour le tour de
l’Indian River. Pendant cette balade dans la rivière entourée de mangroves et
de forêt tropicale, il nous a raconté sa vie, son île, sa vie avant et après
l’ouragan. Il a été très généreux et nous avons beaucoup apprécié ces quelques heures en sa compagnie. Il
était peut-être encore trop tôt pour aller visiter cette île, mais nous
souhaitons vraiment que ce pays se relève rapidement. Il faut que les touristes
y retournent et fassent rouler l’économie. C’est leur seul espoir…
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