lundi 12 mars 2018

Antigua

Antigua

17 Février

Nous avons quitté Deshaies, petite ville la plus au nord de la Guadeloupe, vers l’Île d’Antigua. Une belle distance de 42 MN, avec vents de 20-25 kts au travers. Malgré les vagues de près de 3 mètres, ce fût une belle navigation. On prend des ris sur les voiles, et on garde mieux le contrôle. On commence à avoir un peu moins peur des vagues et du vent, même si on n’aime pas trop quand ça dépasse les 25 kts! Mon Dieu qu’on ne ferait jamais de régates! Ben trop stressant!

Ce qui est fantastique dans les Caraïbes c’est l’avantage des courtes navigations. Les distances sont de maximum une journée d’une île à l’autre.  Antigua sera l’ile la plus au nord qu’on ira visiter pour cette fois ci car on manquera de temps…incroyable mais vrai! Nous devons planifier notre horaire pour les prochaines semaines, voire les prochains mois. Nous attendons de la visite à Antigua, retour de mes filles chéries en Guadeloupe, et ensuite descente vers le sud, Martinique, Ste-Lucie, Les Grenadines et sortir le bateau de l’eau en Juin pour quelques travaux. Grenade en juillet ou nous laisseront le bateau pour un séjour au Québec tout le mois.

Je reviens à Antigua. Comme les autres îles des Caraïbes, les autochtones furent chassés d’ici par les Anglais, en conquête du monde, au 15e siècle. Christophe Colomb est venu à quelques reprises, comme il a fait sur les Antilles françaises, au Canada et même aux Acores et au Cape Vert. On le voit partout celui-là. Nous suivons sa trace! A l’issue du Traité de Paris, les Anglais et les Français se sont partagé les Antilles. C’est comme ça que la Martinique, la Guadeloupe, St-Martin et St-Barthelemy sont françaises. Leur Métropole a maintenu, encore aujourd’hui, le lien politique et économique. Pour les îles colonisées par les Britanniques, La Dominique, Antigua-Barbuda, St-Vincent, Les Grenadines et Grenade, elles ont repris leur indépendance dans les 50 dernières années, mais les écrits disent plutôt qu’elles ont été abandonnées par l’Angleterre…

Toutes ces îles ont été peuplées par des esclaves venus d’Afrique pour la culture de la canne à sucre. La traite des esclaves fut très présente et on en voit les impacts aujourd’hui. Les noirs sont malheureusement encore pauvres pour la plupart. Ce sont les blancs qui ont la richesse et les belles maisons. Toutefois les locaux sont fiers d’exprimer leurs origines, que ce soit lors de parades et carnavals, ou dans leurs créations artisanales.     
  
Les îles ou on parle français, on voit beaucoup de touristes français, et des québécois. A Antigua, on voit que des Britanniques, des Américains et beaucoup de Canadiens anglais. Nous sommes vraiment surpris de voir autant de nos compatriotes du ROC dans chaque mouillage. Je suis aussi perplexe de constater que jamais ils viennent nous saluer, lorsqu’au contraire, chaque québécois croisé en Martinique ou en Guadeloupe voulait nous parler, nous accueillir, et échanger avec nous. Notre drapeau Canadien est une obligation, mais le drapeau Québécois nous permet de plus belles opportunités!

Notre port d’entré à Antigua fût English Harbour. Une ancienne forteresse avec tous les bâtiments d’artilleries qui ont été rénovés et qui logent maintenant de grandes marinas, des restaurant, des boutiques. On y voit des palaces, immenses yachts ou grands voiliers valant des millions! Il y a de la valeur au pied carré ici! Nous ancrons dans Freemans Bay, devant une belle petite plage, mais avec des rochers très près de nous, juste derrière. Mon capitaine était nerveux les 4 jours passés à ce mouillage. Pour ma part, j’aurais aimé être plus désinvolte mais j’ai aussi eu quelques nuits à avoir de la difficulté à fermer l’œil, en s’inquiétant constamment que notre Ambition 1 chasse, et qu’on se retrouve échoué dans les rochers… Mais que dire de la vie sous-marine tellement généreuse juste sous notre coque! La première journée, j’ai été surprise de nager avec de nombreux poissons de toutes les couleurs, quelques tortues de mer, des raies grises mais surtout une majestueuse raie tachetée. J’ai en plus eu la chance de voir un très gros African Pompano, il faisait plus d’un mètre! 
La plongée dans ce coin la était très belle, principalement pour le mur de corail et les falaises sculptées dans le roc, qu’on observe seulement à la nage. Le centre du village est un parc historique et est intéressant à découvrir. Malheureusement c’est tellement rempli de touristes que ça nous repousse un peu. La baie voisine est Falmouth Harbour et nous y avons resté 3 autres jours. On a apprécié marcher dans les collines aux alentours, et se promener dans le reste du village.
Nous avons fait de petits sauts, de baie en baie, tout au long de la côte ouest. Il fallait toujours se protéger des vents forts provenant du Nord-Est. On a rejoint la côte Est lorsqu’enfin le vent s’est calmé. C’est ici que nous attendons ma sœur cadette, qui arrive pour une semaine. On a profité d’une merveilleuse baie isolée, entourée de coraux qui coupent les vagues. On a beaucoup nagé, plongé, et tenter de pêcher.

On constate malheureusement que les Caraïbes ne sont pas comme les Bahamas pour la chasse aux poissons avec nos harpons. Il y a du poisson mais trop petit pour harponner. Il y a un peu de langoustes, mais elles aussi vraiment très petites. On adore chasser, c’est physique, stimulant et gratifiant. Depuis notre arrivée en Martinique, c’est un peu décevant. Il y a des endroits avec de beaux coraux, mais l’envahissement des algues est en train de faire mourir cette faune sous-marine. C’est désolant de voir autant de coraux morts.  On a beau chercher les poissons à mettre dans notre assiette, on n’y arrive pas.     
















4 mars

L’arrivée de Julie, a amené une belle dynamique a bord. Nous avions beaucoup de rattrapage à faire et plusieurs belles discussions ont animées nos journées et nos soirées. Mon homme a appris à connaître davantage ma sœur et il l’apprécie, ce qui me réjouit indéniablement. Nous avons fait avec elle le chemin inverse de Great Bird Island jusqu’à English Harbour et lui avons fait découvrir tous nos coups de cœur : de belles plongées très diversifiées, des décors les plus féeriques de l’ile, une promenade sportive en montagne et la visite du quartier historique d’English Harbour ainsi que St-John, la capitale.

Ce qui est vraiment agréable avec Julie c’est qu’elle est toujours enthousiaste et de bonne humeur. Elle s’extasie devant tout, et est prête, comme un scout, à n’importe quelle aventure! Elle est curieuse et veut apprendre de notre mode de vie. Elle est respectueuse, généreuse et toujours rieuse. Nous avons bien aimé partager ses vacances avec elle. Lors d’une plongée, nous avons eu le grand privilège de nager longuement avec des raies tachetées. Elles sont si gracieuses et impressionnantes. J’étais ravie de partager ce moment avec elle, ainsi que plusieurs autres.

J’ai pu parler avec elle de mon beau Julien, de nous rappeler pleins de souvenirs, et de le pleurer ensemble. Chaque fois que je rencontre quelqu’un qui a aimé mon fils, ça me rapproche de lui, et ça me fait du bien. Mon éléphant devient un peu moins gros qu’il était… une bouchée à la fois!