mercredi 21 février 2018

La Guadeloupe

La Guadeloupe

18 Janvier

Nous avons quitté la Dominique pour les Saintes, petites îles situés au sud de la Guadeloupe, mais faisant parties du même département français d’outremer. Pour ma part, ce fût un coup de cœur! Stéphane y avait aussi passé des vacances il y a plus de 20 ans et il était content de revoir des endroits connus, qui lui rappelaient de bons souvenirs.

Malgré les mouillages inconfortables causés par un roulis constant (ça nous fait bercer de gauche à droite) nous avons aimé la petite île qui se nomme Terre-de-Haut. A pied, on peut rejoindre de magnifiques et longues plages presque désertes. Nous avons fait de belles plongées (toujours en apnée) et avons apprécié sa rue principale avec les boutiques mais surtout les terrasses et les cafés. Beaucoup de cachet! Tout à fait par hasard, nous avons croisé Maryse et Merril, les anciens propriétaires de notre Ambition 1,  à bord de leur nouveau voilier, qui se nomme Ambition!












Quelques jours plus tard, nous avons atteint Pointe-à-Pitre (capitale de la Guadeloupe), par une allure au près serré. Avec les Alizés biens installés tout l’hiver (vent d’est-nord-est qui nous a fait bien traverser l’océan jusqu’ici!), toutes navigations vers le Nord deviennent, à chaque fois, un peu ardue. Les vents sont constants dans les Caraïbes présentement, et relativement forts. On doit choisir les bonnes journées pour traverser d’une île à l’autre, et surtout, trouver des ancrages confortables. Nous étions à la recherche d’ancrages qui pourraient convenir à nos invitées qui arrivaient bientôt. Celles-ci n’étant pas habituées à dormir à bord d’un voilier.  Pointe-à-Pitre est un bon endroit pour le réapprovisionnement, et la recherche d’une nouvelle carte SIM (ça m’a pris 2 demi-journées!), mais malheureusement, il n’y a pas de points d’intérêt particuliers. La plus grande sortie fût de prendre l’autobus, de sortir en banlieue, et de passer une bonne partie de la journée dans un immense centre commercial pour l’achat d’articles de plein air et de matériel de quincaillerie! C’est fou comme on revient aux choses ‘normales’ à l’occasion! Le mouillage à Pointe-à-Pitre est loin d’être bucolique, avec les bateaux de croisières, les cargos, et les chantiers maritimes justes devant nous. On a choisi de longer la côte sud du côté de Grande-Terre et de se rendre à l’extrémité Est de la Guadeloupe, à St-François. Très belle petite ville avec son marché typique, son quai de pêcheurs, et un mouillage extraordinaire. L’endroit pour ancrer donne sur la mer, en plein vent pour faire aller l’éolienne au maximum, mais avec des récifs de coraux qui coupent les vagues, donc pas de roulis. Ce sera parfait pour la visite!

27 janvier

Mes très bonnes amies, Patricia et Sylvie, arrivaient pour 10 jours. J’étais heureuse de les retrouver mais un peu inquiète aussi. On aime recevoir sur notre voilier, mais à chaque visite, on se sent responsable de leur sécurité, de leur bien-être, de leur expérience positive face à l’inconnu, de l’organisation a bord, et aussi de l’harmonie entre tous. Vous n’en reviendrez pas de savoir comment on devient intime à 4 sur un petit voilier!

Mon capitaine est accueillant et généreux mais il a aussi besoin d’être dans sa bulle à l’occasion. Sans compter les nombreuses consignes à donner et superviser pour l’apprentissage de vivre sur un bateau. Attention à la consommation d’eau et d’électricité! Attention au fonctionnement des toilettes! Attention à chaque poignée de porte, tiroir, fenêtre, robinet! On n’a pas accès aux pièces si ça brise! Attention à l’eau sur les boiseries, a l’eau salée indésirable à l’intérieur! Attention aux saletés car le capitaine veut son bateau propre! Attention au désordre car la capitoune ne tolère pas les choses qui trainent partout! Attention à tout, on n’est pas à la maison!… On s’occupe de la location de voiture pour aller chercher la visite à l’aéroport et les promener sur l’ile. On se sent en charge de la planification des journées, des repas, de la navigation facile pour les néophytes. On souhaite qu’elles passent de belles vacances et on se met un peu de pression… Mais on aime partager de beaux moments avec nos amies, de partager un petit bout de notre vie avec elles, de découvrir à travers leurs yeux, et d’échanger, discuter, rire, même pleurer parfois, boire, manger, visiter, dormir, jouer aux cartes, et boire encore…

Nous les avons conduites partout sur l’ile pour voir les villages et les paysages. Nous leur avons fait découvrir la navigation vers l’Ile de Marie-Gallante et retour à la ville de Gosier. Elles ont connu différents mouillages, les déplacements en dinghy chaque fois pour aller à terre, les plages (un peu décevantes) de la Guadeloupe, la plongée, se laver dans l’eau salée et se rincer a l’eau douce dehors sur l’arrière du bateau, même un chansonnier québécois dans une terrasse, les pieds dans le sable! Nous avons visité quelques rhumeries et avons dégusté des rhums magnifiques. Stéphane et moi découvrons le rhum et ses différentes arômes. Nous aimons beaucoup! Nous avons passé de bons moments avec mes chums de filles. Elles m’ont fait du bien. Elles ont très bien suivis les consignes, elles ont apprécié leur expérience, sans trop de mal de mer, et elles ont pu prendre du soleil et de la chaleur avant de retourner dans la neige. Tout s’est super bien passé, et malgré que leur séjour a passé vite, j’étais aussi heureuse de me retrouver seule avec mon homme!





















8 Février

Des vents forts s’annonçaient encore et on devait aller se protéger sur la côte ouest de la Guadeloupe. On a navigué au portant jusqu’à Rivière-Sens, en contournant par la pointe la plus au sud de l’ile, dans des vents de 25-30 nds, avec des rafales. On a vu pour la première fois sur notre anémomètre (indicateur de vent) des pointes à 40 nds! On a vu sur notre indicateur de vitesse des pointes à 10 et même 11 nds! Du jamais vu! Nos voiles étaient réduites, les vagues se prenaient bien, on a très bien géré la situation. Nous étions toujours en contrôle, malgré qu’on n’aime pas trop…  On se rend compte de l’expérience acquise et nous sommes fiers de nous!

En arrivant à Rivière-Sens, le hasard nous fait ancrer juste à côté du voilier Bella-Stella, un couple de québécois, Esthel et Richard, qui navigue dans les Caraïbes depuis 6 ans, Nous avons eu quelques belles soirées en leur compagnie, avant de reprendre nos routes chacun de notre côté. Cette ancrage était spécial car nous étions juste devant les falaises, avec une route ou plusieurs personnes joggaient ou marchaient, et ou plusieurs autres nageaient chaque jour. C’était invitant à faire du sport. Je me suis remise au jogging léger. Je nage presque chaque jour depuis que nous sommes dans les Caraibes et j’adore ça. J’aimerais nager plus mais un 25-30 min de nage quotidienne me permet de garder la forme.

Nous sommes en pleine période du Carnaval. Chaque semaine de janvier et février, ils organisent des parades et des événements un peu partout sur l’ile. Pendant notre arrêt, nous avons eu la chance d’aller voir la prestation des équipes gagnantes de toute la Guadeloupe, qui se passait dans la ville de Basse-Terre, juste a côté. Ce fût une belle expérience d’y assister. Ils attendaient plusieurs dizaines milliers de personnes. Tout le monde se masse le long des rues et regarde la parade. Haut en couleur et en musique, il y avait beaucoup d’ambiance!  










La Dominique

La Dominique

14 Janvier 2018

En quittant la Martinique, nous avons parcouru 54 milles nautiques pour atteindre Portsmouth, sur l’Ile de La Dominique. Nous avions lu que cette île était un paradis pour les randonneurs avec ses nombreux sentiers bien balisés et offrait des forêts et montagnes luxuriantes. Malheureusement, cette magnifique île fût frappée par l’ouragan Maria, le 17 septembre dernier! Cette île malchanceuse, située juste entre la Martinique et la Guadeloupe, a subit d’énormes dégâts, pendant que ses voisines françaises n’ont presque pas eu de dommages. L’ouragan a durée 5 heures et ce fût l’horreur pour eux. La plupart se sont réfugiés dans des sites dédiés comme des écoles ou édifices construits en ciment, mais plusieurs ont restés dans leurs maisons et tous étaient inquiets pour leur survie…
Mes sentiments étaient mitigés, entre vouloir rester et encourager l’économie locale, et partir parce qu’il n’y avait plus grand-chose à voir, ni à faire. Même après 4 mois, toute l’île n’était que désolation, désordre, misère…  Nous sommes restés 3 jours et 4 nuits finalement.

En marchant dans la rue, on voyait que la plupart des toits de tôle avaient été arrachés et des bâches en plastique (fournies par La Croix Rouge) étaient installées temporairement, laissant l’eau s’infiltrer partout dans les maisons dues aux orages fréquents pendant cette saison. Lorsque des édifices avaient plus d’un étage, les seconds et subséquents étages étaient complètement détruits. Les poteaux électriques avaient été cassés, les fils pendaient partout dans les rues. Toute l’infrastructure électrique de l’ile fut détruite. Seules les villes de Portsmouth et Roseau (la capitale), ont pu installer un nouveau réseau mais le reste de l’île n’a toujours pas d’électricité! De nombreuses épaves de bateau de pêcheurs et de bateaux commerciaux sont laissées sur terre! Nous avons loué une voiture une journée pour tenter de découvrir le reste de l’île. Partout sur les routes, on voyait des lampadaires pliés, des parties de routes et ponts effondrés, des débris de maisons et carcasses d’auto, des ordures, bref le paysage était vraiment désolant. Nous avions mal pour leur nature… Les arbres dépouillés de leurs branches, de nombreux arbres et arbustes arrachés, déracinés, des sentiers toujours impraticables. De la mer, on voyait les montagnes abimées, comme si des griffes de mains géantes avaient laissé de longues fissures.  Ce fût les trombes d’eau durant l’ouragan qui ont fait des glissements de terrain. Le mot désolation nous revenait souvent en tête.

Ce qui est triste c’est que les Dominicains semblent laissés à eux-mêmes, sans trop d’aide du gouvernement, sans travail, et un manque flagrant de ressources pour reconstruire.  Ils manquent même d’outils et de machinerie pour nettoyer! Ancienne colonie britannique depuis le traité de Paris, la Dominique a choisi son indépendance, et est donc seule à gérer son minuscule pays. Les revenus sont extrêmement bas et je me demande comment ils vont se sortir de cette catastrophe. Je ne vois pas d’avenir pour eux et ça me bouleverse. Je me sens impuissante.

Mais en dépit de cette misère, les gens d’ici sont résilients et courageux. Les Dominicains sont gentils et accueillants, toujours prêts à nous aider. Ils sont fiers. Leurs enfants se rendent à l’école en uniforme tout propre.  Les navigateurs sont accueillis dès notre arrivée au mouillage, par des guides touristiques officiels du gouvernement. Les hommes de l’organisation P.A.Y.S sont éduqués, multilingues, et viennent nous voir à bord de leur barque en offrant leur aide et leurs différents services. Nous avons rencontré Daniel, et l’avons engagé pour le tour de l’Indian River. Pendant cette balade dans la rivière entourée de mangroves et de forêt tropicale, il nous a raconté sa vie, son île, sa vie avant et après l’ouragan. Il a été très généreux et nous avons beaucoup apprécié   ces quelques heures en sa compagnie. Il était peut-être encore trop tôt pour aller visiter cette île, mais nous souhaitons vraiment que ce pays se relève rapidement. Il faut que les touristes y retournent et fassent rouler l’économie. C’est leur seul espoir…

Par respect pour les Dominicains, nous n'avons pas osé prendre de photos de leurs rues et leurs maisons. Par contre, nous souhaitons honorer leur nature!