dimanche 26 novembre 2017

Cap Vert (version avec photos)


Cape Vert

11 Novembre

Nous avions choisi d’aller au Cap Vert sans aucune attente. C’était une escale sur notre chemin vers les Caraïbes. Un arrêt pour se reposer et pour raccourcir le millage qui nous séparait des Canaries à la Martinique, sans plus. Ce fut une très agréable surprise. Nous avons été conquis par ses paysages majestueux mais plus encore par ses habitants. J’ai vraiment eu un coup de cœur pour les Cap-verdiens!

Autre belle surprise, ma belle Simone est venue nous visiter. Pour ceux qui se demande qui est Simone, c’est une jeune allemande que nous avons accueilli à la maison pour 1 an il y a de ça déjà 12 ans. Elle fait parti de notre famille et est ma fille adoptée pour la vie. Elle habite aux Pays-Bas et a décidé sur un coup de tête de venir nous voir. Comme le bateau était en ordre et qu’on n’avait pas grand chose à faire avant la grande traversée, nous étions donc tout disponible, pendant 2 semaines, pour découvrir le pays de Cesaria Evora!

Le Cap Vert comprend 10 îles mais nous avons choisi d’en visiter 2. Nous avons jeté l’ancre à Mindelo, sur l’île de Sao Vincente, pour le temps de notre séjour. On a exploré au complet cette île et avons fait une escapade de 3 jours sur l’île en face, la plus belle de tous, l’île de Santo Antao.

Les habitants du Cap Vert sont d’origine africaine (anciens esclaves des européens pour la production de la canne à sucre) mixée à des Portugais. La population est noire mais pas foncé, certains meme avec les yeux pales. La langue officielle est le Portugais mais tout le monde parle un créole spécifique à ici. De plus, nous avons rencontré plusieurs locaux qui parlaient un peu ou même très bien français ou anglais, appris à l’école. Leurs sourires, leur accueil et leur gentillesse m’ont charmé. Partout les gens se saluent et nous saluent dans la rue. Jamais je ne me suis senti mal à l’aise, encore moins menacée. Les gens veulent nous aider et bien nous servir. C’était bien différent des Portugais aux Acores ou des Espagnols aux Canaries.

La ville de Mindelo est une ville que je qualifierais d’assez moderne. Un mélange de l’Afrique et de l’Europe. Une bonne infrastructure urbaine, avec le cachet des gens de villages africains. On voit des femmes marcher avec des immenses contenants de poissons calés sur la tête, habillées à l’ancienne, côtoyer des jeunes habillés en Adidas avec leur cellulaire à la main. Il y a plusieurs petits supermarchés, de nombreux cafés et restaurants, du wifi qui fonctionne (lent mais quand même, ça fonctionnait partout sur les 2 îles!). Nous qui pensions arriver dans le tiers monde, et bien nous avons pu trouver tout ce qu’on voulait pour se réapprovisionner.






La marina est un port d’accueil important pour tous les bateaux qui partent pour une Transatlantique et ils sont très bien organisé. Ces nombreux navigateurs font rouler l’économie locale et toute la population est aux petits oignons avec nous. Il y a de plus en plus de touristes européens qui viennent pour du trekking et l’offre de service s’organise tranquillement. C’est donc encore sauvage mais super bien accessible. Il y a un marché extérieur et un intérieur de fruits et légumes, et que dire du marché municipal de poissons! Tous les jours, on voyait de notre mouillage les bateaux de pêcheurs arrivés au petit quai du marché. Ils vendent leurs prises directement sur place. Ça négocie fort avec plein de monde, des commerçants, des restaurateurs, des locaux sur une base individuelle. Une grande partie du poisson est destiné au marché attenant, et est revendu sur place. Il y a beaucoup d’activités: ça prépare les poissons, ca coupe des filets, ça pèse, ça négocié, ça gueule pour celui qui vend le plus... Et beaucoup de petits poissons sont mis dans des bacs et vendus directement dans la rue. Un commerce individuel et toléré. Comme les nombreuses femmes qui vendent leurs laitues, bananes, oignons et quelques légumes directement dans la rue. Il y a beaucoup de vie dans les rues. J’adore cette ambiance!










On se déplaçait dans des Aluguer, petites camionnettes qui servent de transport collectif. C’était peu dispendieux, facile, et tout le monde disposé à nous aider pour se diriger. On a fait aussi du pouce! Aussitôt le pouce levé, ça arrêtait. On a donc pu embarquer dans l’arrière de pick-ups, et même sur un tas de cailloux, à l’arrière d’un très vieux 10 roues!



Sur l’île de Sao Vincente, on a marché sur le Monte Verde, petit sommet avec vue superbe sur Mindelo. On s’est arrêté dans quelques petits villages, plantés au milieu de nul part. Ils ont l’électricité pas mal partout, mais pas l’eau courante. On voyait les femmes aller chercher l’eau dans une citerne au centre du village. On a découvert des plages magnifiques, désertes, seuls quelques pêcheurs étaient présents. Simone nous incitait à faire les touristes chaque jour et on ne se faisait pas priés.













Notre escapade sur l’île de Santo Antao fut un véritable enchantement. Nous avions convenu avec nos amis de Frimousse de surveiller leur bateau au mouillage lorsqu’ils étaient partis eux aussi sur cette île avant nous, et ils nous ont retourné le service à leur retour. Nous sommes partis en traversier avec nos amis Joanne et Jean-Pierre de L’Ile de France ainsi qu’un couple de français rencontré aux Canaries et retrouvé ici, Monique et Jean-Claude du voilier Renata. Nous avons passé la première journée avec eux mais avons poursuivi seuls ensuite.

Cette première journée fut éprouvante dans un paysage diversifié et surprenant. On nous a amené en Aluguer au point culminant de l’île, la Cova. De là, nous avions 4-5 heures de marche à faire pour trouver notre village où nous avions réservé une chambre dans un petit hôtel. On a descendu dans un immense cratère maintenant cultivé, pour ensuite remonter, passer la crête et descendre de l’autre côté. La vue sur la Vallée de Paul était époustouflante. On a descendu longtemps, les jambes tremblaient! On a marché toute la vallée luxuriante, en passant par les terres cultivées et les maisons des agriculteurs. Ils cultivent évidement la banane, mais aussi le café, la papaye, autres fruits, et principalement la canne à sucre. On a pris notre lunch dans une petite auberge tenue par un jeune français, en plein milieu de la vallée. On a poursuivi, par une journée très chaude, jusqu’au village de Pompas. La bière fut très bonne à notre arrivée!


















La seconde journée, nous avons repris un taxi qui nous a déposé à Cruzinha, sur la côte Nord de l’île, et nous avons marché tout le long de la côte, jusqu’au village Ponta do Sol. Le sentier très escarpé était fait de pierres et de murets, c’était inimaginable autant de travail à main d’hommes, exécuté ici. Toutes les routes sur l’île sont pavées de pierres, misent une à une, à la main. Ces sentiers et chemins sont un patrimoine enregistré à l’Unesco mais le pays peine à les entretenir malheureusement. Nous avons marché près de 15km à flan de montagne, contournant des vallées abruptes, passant par des villages plantés sur les falaises, c’était vraiment exceptionnel.


















Pour la 3ème journée, nous avons pris un taxi qui nous a accompagné toute la journée. Il nous a amené sur différentes crêtes de montagnes, nous a attendu 2h pour nous laisser marcher jusqu’à un petit village pour le lunch, et nous a ramené au traversier. Ce fut 3 journées exténuantes mais combien agréables.












Au delà des paysages, ce que je retiens est encore les rencontres avec les locaux. Ces sourires si chaleureux. On a discuté avec 2 hommes qui parlaient français un soir et ce fut très intéressant, entre autre, nous avons appris que sans être bigame, les hommes demeurent engagés avec leur épouse mais peuvent avoir plusieurs enfants avec des femmes différentes sans aucun problème. La même règle existe pour les femmes. Et les femmes ont des enfants très très jeune! Les maris n’habitent pas avec leurs femmes. On voit donc les jeunes femmes élever seules leurs enfants. Mais je ne dirais pas seules car toute la communauté du village élève les enfants ensemble. Et les hommes envoient de l’argent, et viennent voir leurs enfants de temps en temps. C’est normal comme ça.

Notre hôte de l’hôtel est né ici et a vécu 10 ans en Norvège. Il parlait anglais. Nous avons eu la chance de discuter avec lui chaque matin car il nous recevait dans sa cuisine. Un édifice tout neuf avec des matériaux, des installations et des meubles très modernes. C’était vraiment beau et confortable.

Nous avions rencontré à Las Palmas un jeune couple Belge, Déborah et Xavier. Ils étaient nos voisins de quai et on les avaient invités à quelques reprises lorsque Patricia était avec nous. Nous les avons revu à Tenerife lorsque Martine était la. Et nous les avons retrouvé à Mindelo et les avons introduit à Simone. Je les aime bien et c’est réciproque. C’est drôle que je me fasse des amis qui ont l’âge de mes filles! Je leur souhaite bonne continuité. Après avoir travaillé 1 an aux Canaries, ils veulent traverser et tenter leur chance à la Barbade.

Bref notre séjour au Cap Vert fut inoubliable. Simone et moi étions ravies de se retrouver, et de vivre aussi une partie du deuil ensemble. Elle est repartie après 11 jours bien remplis. On s’est activé ensuite pour les courses, la préparation des repas, l’approvisionnement en eau et en essence, pour être fin prêt pour cette Transatlantique.

Nous avons tous quitté Mindelo le matin du 27 novembre. Le voilier Renata pour le Brésil, Île de France pour la Barbade, et Frimousse et nous pour la Martinique. Une belle soirée d’adieu fut célébrée à bord de Renata.