lundi 30 janvier 2017

Vers un nouveau départ...



Nous nous apprêtons à reprendre la mer, à poursuivre notre route, à retourner vers de nouvelles aventures! Notre safran a été livré et a reçu ses couches protectrices. Il sera installé sur notre voilier demain. Donc, en principe, on peut partir du quai dès demain! Je dis bien en principe, car il ne faut jamais rien prendre pour acquis sur un voiler. Mais suis-je vraiment prête à reprendre la navigation...

Permettez moi de partager cette citation relue récemment et qui me touche particulièrement: "Nous ne pouvons pas diriger le vent, mais nous pouvons ajuster les voiles...". On applique ce principe chaque jour en navigation. C'est d'une évidence. Maintenant, je tente d'appliquer ce principe dans ma vie quotidienne. Il faut dire que je partais de loin! Moi qui voulait toujours tout contrôler! Je me rends compte aujourd'hui que je confondais "contrôler ma vie" et contrôler LA vie"... Elle est plus forte que nous, et on ne peut la diriger...

J'ai été privilégiée par la vie en général. Je l'ai eu facile et j'ai toujours été très bien entourée. Depuis une quinzaine d'années, j'ai vécu quelques épreuves difficiles. Maintenant le pire, la perte de mon enfant... J'apprends, à la dure, à développer une certaine humilité face à ce que la vie me force à vivre. Je dois maintenant ajuster mes voiles, ajuster ma vie! Je vais apprendre à vivre sans lui.

J'aimerais faire un retour sur notre séjour dans cette île extraordinaire qui est Spanish Wells. Nous sommes tombé sur l'île la mieux adaptée pour nos besoins, sans les inconvénients d'un endroit touristique. Une île peuplée suffisamment pour y retrouver une parfaite infrastructure: excellent chantier maritime, bons approvisionnements de nourriture, vins, pièces de bateaux, équipements de pêche, excellente connexion wifi, eau et électricité courante (ce qui n'est pas acquis partout aux Bahamas). De plus, les bahamiens ici (blancs d'origine britannique) sont supers gentils, accueillants, et chaleureux. Nous avons eu le temps de faire connaissance avec plusieurs locaux et avons eu le privilège d'apprendre sur leur histoire et leur vie quotidienne. Nous avions une grande plage très tranquille, et peu profonde, pour que Stéphane puisse faire son kite surfing à chaque fois que nous avions un bon vent. Lorsque c'était plus calme, nous allions plonger sur une barrière de corail exceptionnelle, nager avec des centaines de poissons de toutes les couleurs, avec quelques tortue et parfois, des requins. Stéphane a longtemps pratiqué la chasse aux poissons et aux langoustes avec son harpon, tout juste dans notre cour arrière. Il a réussi à quelques prises mais il doit continuer à se perfectionner...

J'ai pris le temps de me refaire une santé. Jogging, longues marches sur la plage, et nage presque quotidienne. Le sport est toujours très thérapeutique pour moi. J'ai fait un peu de yoga, des étirements, de la contemplation de nombreux couchers de soleil. J'ai préparé de succulents repas et partagé de doux moments avec mon amoureux. Nous avons reçu de la belle visite à notre maison bahamiennes: ma fille, ensuite nos amis de Néméa qui ont fait un détour pour venir nous voir, la sœur de Stéphane avec son fils qui ont passé une semaine, de nouveaux amis du voilier Solidem, du catamaran Xalia, et du voilier Exode. Nous avons été bien reçu chez Théo et Kim, les amis des propriétaires qui nous offrent la maison.

Bref, j'ai eu l'occasion de bien vivre, au rythme de la vie ici et de me reposer. J'ai eu la chance de me changer les idées et de ne pas trop broyer du noir, malgré le grand vide qui m'accable. Je pense à mon fils tout le temps, jour et nuit, et la peine est toujours très intense. Mais toute cette belle vie m'aide à passer au travers.


Maintenant que le bateau sera réparé, nous devons partir. Je me sens ambivalente face à ce départ. Mon capitaine a hâte de reprendre la mer. J'ai une certaine appréhension de quitter ce confort et la sécurité d'être sur terre. La vie est facile ici et c'est exigeant la navigation. Seulement de penser aux hauts fonds des Bahamas me fait craindre d'échouer à nouveau. Préparer les navigations et les routes, étudier la météo chaque jour, entretenir le bateau, gérer l'approvisionnement qui est souvent difficile, avoir à nouveau le mal de mer... Est-ce que je veux toujours vivre ça? Autant j'aimais notre vie à bord, autant j'ai un peu le vertige aujourd'hui. Notre goût de l'aventure et de liberté est tout de même très fort et je suis persuadée que l'allégresse de naviguer reviendra vite.

Nous avons plusieurs choses à régler avant de partir mais on prévoit quitter le port jeudi ou vendredi. Le bateau aura été au quai du 3 novembre au 1er février: presque 3 mois! Nous sommes enrichis de nouvelles expériences, de belles rencontres enrichissantes, d'un nouveau bagage de compétences. Nous sommes mieux outillés pour prendre les défis qui s'annoncent. Je commence à entrevoir positivement notre (second) départ. J'ai soudainement hâte de me retrouver sur Ambition. J'ai hâte d'entendre le vent dans nos voiles. Ça va bien aller!