samedi 4 avril 2020

L’Ile du Sud: 2e partie

22 Mars 2020

Après avoir découvert toute la moitié ouest de l'Ile du Sud ainsi que la région des Fiordlands, nous avons complété ce tour de la Nouvelle-Zélande en remontant la côte Est et son centre, en partant de la pointe Sud jusqu'au Nord, pour aller reprendre le traversier. Les dernières semaines de ce voyage exceptionnel qui devaient prendre au moins 6 semaines, se sont achevées en moins de 3 semaines. Notre retour plus hâtif au Québec est dû a la situation mondiale causée par le Covid19. Je ferai un retour sur cette fin précipitée un peu plus loin.

Bluff

A l'extrémité Sud il y a la petite ville de pêcheurs qui se nomme Bluff. La pêche aux huitres et aux langoustes est importante pour l'économie locale. Par contre, le grand port industriel qui acceuille de nombreuxs cargos apportant des marchandises de l'Asie et de l'Australie, n'est vraiment pas joli et rend cette ville peu invitante. Une colline Bluff Hill offre tout de même un beau sentier. La vue d'en haut domine le détroit de Foveaux et on voit, au large, Steward Island, un Parc National très isolé ou la nature indigène a été moins affectée par les colonisateurs. On aurait bien aimé y aller et faire une Great Walk de 3 jours mais les traversiers étaient trop chers. De plus, comme on ne peut pas apporter notre camper van, il nous aurait fallu se déplacer en taxi et autobus, prendre des chambres d'hôtes, et aller au restaurant. Trop compliqué, trop dispendieux, dommage.

La Nationale 1 est la route qui traverse tout le pays, de l'extrémité Nord de l'Ile du Nord, jusqu'ici au Sud. A pied de cette route qui prend fin a Stirling Point, se dresse ce poteau avec des indications pour les quatre coins du monde. Ces pancartes sont beaucoup photographiées! 







C'est le plus proche du Pôle Sud que j'ai pu aller dans ma vie jusqu'a ce jour. On ressentait bien le fait d'être le plus au sud dans un hémisphère sud, les températures avaient chutés considérablement. On avait besoin de plusieurs petites laines. La nuit, ça decendait a 4C! La couette et les sacs de couchage n'étaient pas de trop.


Invercargill 

Invercargill est le pôle économique du Southland. Elle fût bâtie par des immigrants écossais, qui ont laissés leur empreinte dans l'architecture, les grandes rues perpendiculaires, et les nombreux parcs et espaces verts. Le Jardin municipal est très joli pour une promenade. 




La région des Catlins borde la côte sud-est et présente une belle nature diversifiée. Nous avons fait plusieurs arrêts, tantôt pour aller voir une chute, tantôt pour profiter d'un point de vue sur la mer. Pas de grandes expéditions, mais juste de petites marches de pépères, et c'était très bien ainsi. Nous avions besoin d'un peu de repos après toutes les randdonnées que nous avions accomplies.













Dunedin

Cette ville compte les édifices les plus interesssant du pays. En 1860, juste après les grandes ruées vers l'or, Dunedin fût une ville florissante et glorieuse. Un architecte originaire d'Écosse, Robert Lawson, s'y est établi.. Il a remporté des concours d'architecture et sa présence fût fructueuse pour la ville. Il a participé, et influencé de nombreux autres architectes, a la construction de plusieurs églises, la gare de train, les batiments de l'Université et plusieurs édifices gouvernementaux. Une grande communauté d'immigrants écossais se sont installés et ont nommé cette Dunedin, ce qui signifie Edimbourg. Le centre de la ville s'organise autour de l'Octagon, une esplanade octogonale vivante et verte, avec ses boutiques, ses terrasses, et son beau parc urbain qui offre des poufs et des bancs pour y flâner et relaxer.












En poursuivant notre route vers le Nord, on rencontre la péninsule de l'Otago. Plusieurs colonies de phoques a fourrure y vivent paisiblement et il est facile de s'en approcher. On aurait bien voulu voir des pingouins a tête bleu ou des manchots spécifiques a cette région mais sans succès. Partis pêcher en mer toute la journée, ils retrouvent leurs nids sur les berges qu'en soirée seulement. Nous étions, a chaque fois, trop éloignés pour revenir les observer a l'heure propice.





Les Moeraki Boulders sont des rochers très particuliers et suscitent beaucoup de curiosité. Hémisphères presque parfaits, ils peuvent atteindre jusqu'a 4m de circonférence. Ils se sont formés au fond de la mer il y a environ 60 millions d'années par accumulations de dépôts calcaires autour d'un noyau. Ils sont éparpillés sur une plage et on peut aller les voir de près. 







Oamaru est une autre petite ville sur la côte, en poursuivant vers le nord. Les édifices anciens ont été bien entretenus. Ils furent construits dans les années 1880 en pierre d'Oamaru, un calcaire local de couleur crème, facile a tailler et a sculpter.



Clin d'oeil a nos pancartes de traverse de chevreuil!



Mount Cook National Park

Le dernier Parc National que nous avions très hâte de visiter était celui du Mont Cook. Faisant parti de la chaîne de montagnes des Alpes du Sud, on n'y avait pas accès par la côte ouest car aucune route ne passe. C'est donc par le côté est de l'Ile que nous avons atteint cette région, en bifurquant vers le centre. C'est presque vis-a-vis du Glacier Frank Josef, que nous avions vu quelques semaines auparavant. Je pourais dire que ce fût un grand coup de coeur, un apothéose, notre cerise sur le sunday!!!

Cette grande région nous fait passé par des lacs spectaculaires. Notre premier arrêt fût au Lac Ohau. Nous avons profité d'une magnifique piste cyclable qui longeait ce lac sauvage, et passait par un chemin tortueux au milieu des arbres, en allant vers le village de Twizel. La randonnée nous a charmé, malgré la maudite plonge que j'ai faite... j'ai glissé dans le sable et atterie dans les roches...

Le lendemain, nous étions au Lac Pukaki, ou on admire les glaciers et le point culminant de Nouvelle-Zélande: le Mont Cook. Nous avons trouvé le meilleur spot pour camper, seuls, sans voisin, a l'abri de la route, avec la meilleure vue, c'était difficile a battre! On revenait chaque soir a cet endroit s'y reposer, après nos explorations de la journée. Que du gros bonheur!  




Le populaire sentier de Hooker Valley (une marche de 2-3 heures) nous permet de découvrir une belle végétation, d'observer les oiseaux, de longer une rivière provenant du glacier, et d'admirer au loin le Mont Cook. Le site est enchanteur, mais comme c'est bien balisé et sur le plat, beaucoup de touristes s'y rendent...











Retour a notre site préféré de tous, au Lac Pukaki. La baignade était très rafraichissante. Ces lacs sont constitués de glaciers qui fondent... La lumière était magnifique!





Le lendemain, on a entrepris la montée du Glacier Mueller vers le refuge du même nom. C'était 5km de montée, sur plus de 1000m d'ascension.  Au départ, c'était assez nuageux. Heureusement que ça ne nous a pas découragé a poursuivre. Nous avons commencé dans la brume, pour atteindre un point au dessus des nuages. Le sentiment de marcher sur les nuages est bien spéciale, et le point de vue sur les glaciers qui nous entouraient était vraiment unique. 





Et tout d'un coup, tout s'est dissipé. Le soleil est apparu, le ciel était bleu azur sans aucun nuage, et ce qui nous entourait était exceptionnel! On se sent si minuscule et humble devant cette grande nature! Nous étions éblouis, émus, et heureux.









Le Lac Tekapo fait parti aussi de cette région de grands Lacs, tous aussi beau les uns que les autres. On s'éloigne ici des montagnes, et le paysage est très différent.




Kaikoura et ses berges









Nous suivions quotidiennement les nouvelles du Québec, et du monde entier, concernant le coronavirus et les risques sérieux de pandémie. Lors du premier cas confirmé au Québec le 27 février, nous étions a Te Anau dans les Fiordlands et on ne s'imaginait absolument pas que le monde allait changer a tout jamais a ce moment... 

Le 12 mars, lorsque les premières interdictions de rassemblement de 250 personnes ont été imposées au Québec, nous étions au Lac Pukaki, très loin des préoccupations de nos politiciens. Mais chaque jour apportait de nouvelles mesures, et de plus en plus d'inquiétudes. Je parlais a ma mère quotidiennement pour mieux comprendre la situation et pour avoir le pouls du niveau de stress vécu chez nous. Je prenais la situation au sérieux mais je crois que Stéphane ne réalisait pas l'ampleur de la crise. Il préférait poursuivre notre voyage traquillement et rester a l'abri dans ce pays qui n'avait pas de cas confirmés. Nous vivions en distanciation sociale volontaire dans notre petit camper, a faire que des activités de plein air. Il était pour lui préférable de rester sur place.  

Mais lorsque, le 16 mars, Justin Trudeau annonçait que tous les canadiens a l'étranger devaient revenir rapidement au pays pendant que des vols étaient encore disponibles, et que les frontières étaient encore ouvertes, on a pris ensemble la décision de revenir. Ma priorité était de revenir a temps pour la naissance de mon petit-fils ou ma petite-fille, prévu pour début avril...

Nous devions vendre notre camper. Heureusement, nous avions déja notre acheteur, nous avions la tête tranquille! Michael et Janice, un couple dans les70 ans, vivant a Hasting pres de Napier sur l'Ile du Nord, nous avaient approché pour l'achat de notre camper lors de notre passage dans cette région en décembre.  Nous avions convenu d'un prix et ils acceptaient d'attendre la fin de notre voyage pour en prendre possession. On les a contacté et ils approuvaient notre retour, plus tôt que prévu. Nous avions plus de 900km a faire, plus un traversier a prendre, pour leur apporter le véhicule a leur  porte. Ca nous a pris 4 jours, en passant rapidement par les routes et les villes que nous n'avions pas vu encore... La transaction, les transferts bancaires, et la fermeture de notre compte néo-zélandais se sont effectués en 2 jours. Il nous restait a se rendre a Auckland par un vol domestique.

Les vols d'Air Canada pour rentrer chez nous étaient sur-vendus. On a du se résoudre a acheter nos vols par une agence de voyage. On a pris des billets avec United, Auckland-Montréal, en passant par San Fransisco. Le 22 mars, on arrivait a Montréal!

Quel étrange sentiment que d'arriver dans un aéroport désert! Les douaniers et les commis étaient plus nombreux que les passagers... Les kiosques et restaurants déja fermés. Les vols presque tous annulés. Mon frere nous attendait avec une voiture a notre service, avec des provisions dans le coffre. On s'est envoyé des calins de loin, et nous sommes partis se confiner dans un petit condo a Sutton pour vivre  notre quarantaine. Moi qui était parti depuis si longtemps, qui avait tellement hâte de revoir ma famille et mes amis, je dois m'isoler pour les protéger, et je ne sais pas quand on pourra se serrer dans nos bras...